vivre et servir

Sciences de l’âme

Sciences de l’Ame

L’Initiation, la voie sans retour

Dédicace :

« À ceux qui s’assemblent parce qu’ils pressentent l’avenir... »

L’évolution est une Loi de l’univers qui conduit tous les êtres vivants au dépassement d’eux-mêmes.
Cette force impérieuse emprunte tout sentier, s’invente tout moyen, et élève même des règnes entiers de la nature à la vie, dans un unique but :
« Mettre l’Unité au service de l’Infini, faire croître l’Infini à la gloire de l’Unité. »

Ce dessein, apparemment si éloigné des préoccupations humaines ordinaires, est pourtant l’impulsion d’où émerge la Vie ; c’est la source de tout l’Univers et le moteur méconnu de nos minuscules existences individuelles.

Bien avant que l’homme fût constitué humain, avant même son épopée oubliée à travers les règnes végétal et animal, l’évolution lui traçait un clair chemin et faisait naître son devenir.
Par quel moyen la Vie opère-t-elle le miracle de son propre dépassement ? Est-il possible à l’homme de comprendre cette transcendance et de s’y engager en toute conscience ? L’homme peut-il prendre l’Initiation ?

Sommaire

Première partie : La Vie et la Conscience

  1. Je suis « mon corps »
  2. Etre conscient et avoir conscience
  3. Etre, Vivre et Savoir
    1. Multiplicité du savoir et unité de la vie
    2. Opposition du savoir et de la vie
    3. Forces centrifuges de la conscience et forces centripètes de la vie
      [Sch.1] - Schéma de la Vie et [Sch.2] - Schéma de la Conscience
  4. Les trois corps de l’homme et la dualité vie-conscience
  5. La veille, le sommeil et la conscience
    1. L’état de veille
    2. Le sommeil
      [Sch.3] - Schéma de la veille et [Sch.4] - Schéma du sommeil
    3. L’état de sommeil et le rêve
  6. Synthèse de la première partie

Deuxième partie : La continuité de conscience

  1. La conscience des corps
    1. Rappel
    2. État hypnotique des corps astral et mental
    3. Le rêve lucide et le voyage astral
    4. L’initiation : un accomplissement prévu depuis l’origine
  2. L’Initiation et la continuité de conscience
    1. Le règne Humain, dernière marche avant l’initiation
    2. Fonctions distinctes des forces de conscience et des forces de vie dans les trois corps
      1. Fonction des forces de conscience
        [Sch.5] - Schéma des trois corps du point de vue de la conscience
      2. Fonction des forces de vie
        [Sch.6] - Schéma des trois corps du point de vue de la vie
    3. La création des formes et de la lumière
    4. L’être intérieur et l’être extérieur
    5. Caractéristiques du corps de gloire
      [Sch.7] - Circulation des forces de vie et de conscience dans le corps de gloire
    6. La substance du corps de gloire
  3. Résumé de la deuxième partie

Troisième partie : Le Secret du Feu

  1. Le symbole, langage de l’ésotérisme
  2. Le Feu de la création
    1. La dualité de la manifestation
    2. La vie est Feu
  3. Les feux de l’homme
    1. Feux corporels (par friction) et feux psychiques (solaires)
    2. Le Feu organique, son évolution et sa transformation
      1. Kundalini et Prana
      2. Kundalini à différentes échelles
    3. Evolution fractale et Kundalini
      [Sch.8] - Schéma de l’Union des Feux au cours de l’Evolution
  4. Le Feu Electrique de l’Esprit
    1. Le Chaos originel
    2. Le Cosmos, l’Absolu, le Tao
    3. Le quaternaire de la Création
      1. L’Universel et le Particulier
      2. La Vie et la Conscience
      [Sch.9] - Schéma de la structure de l’Absolu

Quatrième partie : Synthèse

  1. Résumé
  2. Conclusion
Avant-propos

L’Initiation est la clé qui donne un plein accès à la compréhension de toute la philosophie ésotérique. Elle est aussi le but avoué de tout entraînement occulte.
Ce thème a toujours fait l’objet de nombreux exposés parmi les adeptes des sciences spirituelles. Le sujet a généralement été traité d’un point de vue personnel, c’est-à-dire en présentant la discipline et les méthodes que devait suivre celui qui cherchait cet accomplissement. Des détails ont également été indiqués sur le développement du corps éthérique du candidat initié ainsi que sur l’élargissement dont bénéficiait sa conscience. On a dépeint ce processus, orchestré sur notre planète par des êtres qui ont transcendé l’état humain depuis longtemps (le Christ, le logos planétaire), en insistant sur l’obligation qu’avait le postulant de se conformer aux règles sages prescrites pour encadrer son développement.
Ces présentations destinées à encourager les aspirants ont contribué à répandre l’opinion que l’initiation était réservée à une élite de connaissants dans les matières spirituelles. En réalité, la direction du processus initiatique ne demeure entre les mains d’aucune école de pensée ni d’aucun être spirituel, si élevé soit-il.
La seule véritable autorité en matière d’initiation réside dans deux principes universels de la Vie : l’Expansion et la Liberté. Pour cela, l’audace mènera finalement le pèlerin bien plus loin sur sa route que n’importe quel conseil bien avisé.
L’initiation est en réalité un accomplissement de la Vie elle-même : pour les forces qui conduisent la marche de l’univers, l’Homme est un « instrument de la Liberté » mis au service de l’Expansion de la création ; c’est ce point de vue que le présent article expose en s’appuyant sur la description des processus psychologiques à l’œuvre dans un être humain.

Première partie : La Vie et la Conscience

I. Je suis « mon corps »

L’ésotérisme nous a appris que nous possédions plusieurs corps.
Nous savons aussi que chacun d’eux est l’auteur d’une conscience qui lui est propre. On insiste souvent dans la philosophie occulte sur la différence des corps entre eux, ainsi que sur la nécessité de transférer notre conscience dans des corps toujours plus élevés.
Pourtant, notre expérience d’être humain conscient n’est pas ainsi fragmentée. Tout être humain constate qu’il possède une conscience apte à se rendre compte de la réalité du monde qui l’entoure par des moyens variés (perceptions, sentiments, réflexions, etc.), mais nul ne songerait à s’y référer en disant : « mes consciences ».
Nous sommes tous au fait que, dans notre for intérieur s’exprime un appareil de conscience composé de parties multiples, mais chacun de nous l’emploie comme un instrument unique.
On peut alors légitimement se demander pourquoi il en est ainsi. Qu’est-ce qui, malgré notre constitution composite, nous donne notre sentiment d’unicité ?

Bien sûr, pour ceux qui sont habitués aux conceptions de l’ésotérisme, il serait facile de répondre que notre essence (notre âme) est une unité et que c’est elle qui distribue sa force de conscience dans nos différents corps à la manière d’un réseau électrique qui se répartit dans les différentes pièces d’une maison et permet de les éclairer.
Mais cette explication ne tient, que si nous sommes conscients « d’être notre âme ».
Or, nous constatons tous par expérience que nous sommes avant tout identifiés à notre être physique. C’est pourquoi beaucoup de personnes n’admettent même pas la possibilité d’être autre chose que ce corps qu’elles peuvent voir et toucher. Pour celles-ci, la conscience, qui est un produit du cerveau, est naturellement une unité, tout comme leur corps est une unité composée de parties assemblées.

Les spiritualistes, lorsqu’ils se réfèrent à « une âme » en parlant de leur être profond, désignent une réalité non physique qui serait la source de leur conscience et de leur vie. Cette âme non visible manifesterait, toutefois, sa présence par la « soi-conscience » dont l’homme fait preuve.
En revanche, les personnes qui se rattachent à une vision matérialiste considèrent qu’elles ne sont que leur corps physique et que toute la conscience qu’elles démontrent émane de lui seul. Ces personnes n’expriment bien sûr, les unes et les autres, qu’un concept, une opinion différente sur la réalité de leur être.
Mais force est de constater que, quelle que soit l’idée spiritualiste ou matérialiste que nous nous sommes forgés de nous-mêmes, le sentiment immédiat que nous éprouvons tous spontanément est d’être notre corps.
Nous entrons toujours en contact avec les objets extérieurs autant qu’avec notre monde intérieur à partir de notre corps physique comme s’il était le centre de gravité dont toute conscience émanait et auquel toute perception revenait. Quel être humain peut affirmer qu’il n’en est pas ainsi pour lui ?
Prétendre que nous sommes notre âme, une réalité spirituelle qui rayonnerait sa conscience dans des corps qu’elle s’approprie pour son usage, impliquerait que nous percevions ces corps (physique, astral et mental) comme des réalités extérieures à notre être intime. Cela supposerait, par exemple, que nous percevions notre propre corps physique de la même façon que le vêtement que nous portons. Il pourrait certes nous procurer des sensations lorsqu’il se plierait en accompagnant nos mouvements, mais nous ne saurions dire de lui qu’il est une partie de notre être ! Ce corps nous semblerait être bien plus un objet attaché à notre personne qu’une portion de celle-ci.
Mais l’expérience démontre à tous et à chacun une toute autre réalité : lorsque nous nous blessons par exemple, nous ressentons que nous nous sommes faits mal, nous ne pensons jamais spontanément : « le corps que je porte vient d’être abîmé » !

« Nous sommes notre corps physique » : cet énoncé est la réalité universellement éprouvée, même si elle contredit les conceptions auxquelles certains d’entre nous ont pu être conduits par la réflexion.

II. Etre conscient et avoir conscience

Le langage courant nous fait employer ces deux expressions apparemment similaires. Nous parlons « d’avoir conscience » mais parfois aussi « d’être conscient ».
Ainsi, dans une certaine circonstance, nous dirons plutôt : « je suis conscient d’être heureux », alors qu’à une autre occasion nous préférerons énoncer que nous « avons conscience d’être heureux ».
Bien qu’apparemment très semblables, ces deux expressions distinguent pourtant nettement deux appréhensions bien différentes de la conscience.
« Être conscient d’être heureux », c’est avant tout éprouver du bonheur et en faire le constat. Ce n’est pas la connaissance que l’on a de son bonheur qui retient notre attention, mais simplement l’état que l’on ressent.
En revanche, « avoir conscience que l’on est heureux » met notre conscience au premier plan. Dans ce cas, ce qui prime, c’est ce dont on est conscient, ce que l’on comprend ; en l’occurrence le fait d’être heureux.
Nous emploierons donc spontanément l’expression « je suis conscient de » pour exprimer une chose qui nous atteint ou qui nous touche, alors que nous préférerons dire que nous « avons conscience de » pour signifier ce dont nous avons acquis la connaissance. Dans le premier cas nous parlons de nous-mêmes, le sujet, dans le second cas nous sommes intéressés à une chose, un objet de savoir.
Cette distinction est importante, car le langage nous a fait prendre l’habitude d’employer le même terme (conscience) pour désigner deux types de perceptions très différentes dont nous sommes dotés.
Il y a, d’une part, la perception de ce que l’on éprouve, qui se rapporte à ce que l’on vit, et d’autre part, la perception de ce que l’on comprend, qui s’attache à ce que l’on sait. Pour ces deux perceptions si différentes, on emploie toutefois le même terme : conscience.
L’homme est une créature sensible, et par cette sensibilité il « est conscient », mais il est aussi un être qui fait preuve de compréhension, d’aptitude au savoir, dont on dit qu’il « a conscience ».

En ayant cette distinction clairement à l’esprit, nous pouvons maintenant tenter de réconcilier le penseur matérialiste et le penseur spiritualiste dont nous avons rapporté les conceptions plus haut. Le premier pense qu’il est un corps physique conscient, alors que le second considère qu’il est une âme qui rayonne sa faculté de conscience dans son ou ses différents corps.
Le matérialiste, en fait, dit simplement qu’il est conscient d’être son corps ; c’est la réalité qu’il éprouve et c’est seulement cette réalité qu’il souhaite mettre en valeur.
Le spiritualiste, au contraire, dit qu’il a conscience d’être une âme. Le fait d’être une âme est pour lui un objet de connaissance, c’est un fait qu’il comprend mais non une réalité éprouvée.
Toutefois, comme le matérialiste, le spiritualiste est conscient d’être le corps, mais mettant l’accent sur ce qu’il sait, il porte moins d’attention à ce qu’il vit.

III. Etre, Vivre et Savoir

Le mot conscience, que nous employons si familièrement, décrit donc tantôt ce que nous vivons avec notre être et tantôt ce que nous savons avec notre entendement.
Notre être vit, et pour cela, il peut être touché au sens propre autant qu’au sens figuré ; il est apte à ressentir, il peut éprouver sa propre existence. Mais ce même être est également éveillé à la connaissance et à la compréhension de ce qui l’entoure ; il en est conscient. C’est parce que ce qui s’éprouve (la vie) est inextricablement mêlé à la capacité de savoir (la conscience) qu’a été utilisé un même terme pour les désigner tous deux : la conscience.
En effet, de quoi peut-on être conscient, si ce n’est des phénomènes engendrés par la Vie ? Ainsi, lorsque que nous disons innocemment : « j’ai conscience de », nous affirmons trois réalités entremêlées.
Par cette déclaration, nous attestons que nous existons, mais aussi que nous avons conscience, et enfin, que nous vivons. Il nous serait impossible d’avoir conscience sans être, ou d’être sans vivre !
Mais bien que ces trois faits familiers de la vie humaine soient indissociables, ils demeurent pourtant trois grandes réalités bien distinctes les unes des autres, car les lois de l’Être, les lois de la Vie et les lois de la Conscience sont très dissemblables.

La connaissance de ces lois peut nous mener à la compréhension véritable de ce que l’ésotérisme déclare lorsqu’il nous dit que nous possédons différents corps et que ceux-ci offrent divers états de conscience.
C’est ce que nous allons détailler dans les paragraphes suivants.

1. Multiplicité du savoir et unité de la vie

Notre conscience (savoir) est multiple, car nous pouvons avoir conscience d’une même chose d’une multitude de façons différentes : par le sentiment, par l’observation, par la réflexion, etc.
Savoir qu’un bijou que nous portons nous appartient est une perception de notre conscience, mais nous pouvons, en même temps, en connaître la valeur, et aussi savoir l’admiration qu’il peut susciter ; ce sont autant d’informations qui étayent notre connaissance consciente de ce bijou.
Mais au contraire, la vie que nous éprouvons répond à un principe d’unité, car nous la ressentons comme un tout, un entier.
Celui qui dit « je suis heureux », vit le bonheur, il ne peut ni ne voudrait argumenter sur ce qu’il éprouve. Son état n’est pas composé de fragments. Pour cela, il est complètement identifié à son bonheur ; l’unité de tout son être avec le bonheur qu’il ressent pourrait lui faire dire : « je suis le bonheur », cette expression décrirait au plus juste ce qu’il éprouve.
Alors que celui qui dit qu’il « a conscience de son bonheur » sera tenté d’étayer son propos, l’illustrer avec des exemples, le développer par des justifications. Son savoir est en effet multiforme et différencié.
On peut à cette occasion observer que par le savoir, il est séparé de son bonheur, car il le regarde, en découvre les nombreuses facettes, mais il n’est pas lui.
La Loi de la conscience est multiplicité, elle se différencie à l’infini. Mais la Loi de la vie est unité, elle forme un tout qui ne peut se fragmenter.
L’être, à la fois vivant et conscient, est alors écartelé entre l’unité de la vie qui l’anime et le morcellement de sa conscience.

2. Opposition du savoir et de la vie

Voici un exemple de cette dualité qui confronte tout être humain :
L’amitié est un sentiment qui se forge sur le socle de notre savoir, car dans l’amitié nous nous rapprochons de l’autre au fur et à mesure que nous apprenons à le connaître. Notre estime de lui se développe progressivement, alors que nous découvrons et apprécions les traits de sa personnalité. Mais dans l’amour, nous succombons brutalement et sans recul à une attraction dont nous ne saurions expliquer le fondement. D’ailleurs, la compréhension ou la connaissance de ce qui justifie cette attraction n’intéresse généralement pas l’individu qui s’y abandonne ; il veut seulement vivre son amour et rien de plus !
L’amitié naît donc de la faculté de connaissance consciente qui est dans l’homme alors que l’amour émerge de la force de vie, c’est une pulsion puissante dont le mobile nous reste inconnu.
Nous constatons aussi que l’amitié s’accommode aisément de la multiplicité et du partage puisque nous pouvons avoir plusieurs amis sans que cela offusque notre sens moral. Mais en amour nous ne pouvons supporter le partage, c’est un domaine où prime l’exclusivité : tu es à moi comme je suis à toi, je t’aime alors je ne te partage pas !
L’unité étant la loi de la vie, l’amour qui en est une émanation directe ne saurait se fragmenter ! Ainsi, nous pouvons nous montrer compréhensif et tolérant à l’infini lorsque nous sommes inspirés par l’amitié, mais nous serons intransigeants, jaloux et tyranniques avec celui qui aura conquis notre cœur. Aimer quelqu’un et être en même temps son ami vertueux est un défi. C’est un paradoxe, mais il se comprend aisément à la lumière de cette dualité qui fonde notre être : la vie et la conscience.

3. Forces centrifuges de la conscience et forces centripètes de la vie

La vie est une force motrice ; son objectif est de doter l’être et sa conscience de force, de les saturer d’énergie. Pour y parvenir avec efficacité, la vie se concentre, elle recherche la fusion et l’unité afin d’atteindre son but. Scinder la vie équivaudrait à l’affaiblir.
Mais à l’opposé, la conscience se dilate et se ramifie, elle s’étend pour tout englober. Pour cette raison, la conscience peut être vue comme une force centrifuge qui s’élargirait à partir d’un centre de vie et chercherait à gagner l’espace autour de lui. À l’inverse, le schéma de la Vie peut être représenté par une force centripète qui se rassemble, fusionne, et se condense en un point unique.
A titre d’image, la force de gravitation du soleil symboliserait cette énergie de vie qui attire tout et se condense jusqu’à former un centre de vie, tandis que son rayonnement lumineux qui se répand dans toutes les directions figurerait la conscience qui ne cesse de s’étendre dans l’espace. Mais c’est bien parce qu’il s’est d’abord condensé ainsi avec force qu’il peut illuminer ensuite.
Toute chose qui Est, condense ainsi sa vie et possède une forme de conscience qui se déploie à partir de celle-ci. Mais cette vie et cette conscience dont nous décrivons ici le comportement énergétique, ne sont pas observables directement par les êtres humains actuellement. La capacité de les voir n’est pas encore développée, car ces deux forces qui fondent notre existence se tiennent à l’arrière-plan des phénomènes matériels que, seuls, nous sommes en mesure d’observer. Mais par l’examen attentif des phénomènes résultants de l’action de ces deux forces, et en cherchant à en comprendre les causes, on peut acquérir la connaissance intime des lois de la vie et de la conscience.

Une règle universelle qui s’applique aux forces de vie comme aux forces de conscience est qu’elles sont en mouvement et ne peuvent rester statiques sans disparaître instantanément. C’est pourquoi il est si difficile de maîtriser le flux continu de ses propres pensées (conscience) et qu’il ne serait pas possible de stopper notre respiration, arrêter complètement les battements de notre cœur et interrompre ainsi le flux de notre sang sans mourir. La vie est mouvement, tout comme la conscience.

Note : les techniques yogiques qui prétendent suspendre toute fonction vitale dans le corps (par l’arrêt du cœur), ne font que diminuer ces fonctions au point où leur activité n’est plus observable ; mais elles persistent faiblement, juste suffisamment pour maintenir le corps en vie.

[Sch.1] - Schéma de la Vie
[Sch.2] - Schéma de la Conscience

Commentaire :

La vie est centripète, elle fusionne la diversité et se condense pour atteindre une parfaite unité.
La conscience au contraire est centrifuge, elle se répand à partir d’un centre et cherche à gagner l’espace le plus large possible, elle se différencie.

Si nous cherchons des exemples d’application de ce principe dans différents règnes, nous pourrions considérer, dans le règne végétal, que la vie et la conscience d’un arbre sont représentées respectivement par le tronc et la ramure. Le tronc est une unité qui concentre la vie de l’arbre, il est un réservoir de sève pour ses branches qui, elles, se ramifient dans une allègre multiplicité. Analogiquement, la conscience d’un être humain (représentée par les connexions neuronales multiples du cerveau) est comme les branches de l’arbre, tandis que sa vie, distribuée dans le corps par le sang, est équivalente à la force vitale de la sève. L’unité de la vie, dans le cas de l’homme, s’exprime par l’obligation qu’il a de ne posséder qu’un unique groupe sanguin pour vivre.

Note : les racines, dans notre exemple, figurent l’inconscient de l’être, elles sont une forme de conscience qui se déploie sous la surface visible.

IV. Les trois corps de l’homme et la dualité vie – conscience

Lorsque que nous disons que l’homme possède trois corps (physique, astral et mental) c’est un peu comme si nous énoncions qu’un arbre possède trois branches principales. Cela décrit l’homme sous le point de vue des ramifications de son être. Chaque corps comme une branche va donner naissance à ses propres rameaux qui offriront la possibilité de faire naître autant d’états de conscience différents s’étendant dans une direction spécifique. Il en est ainsi de la conscience émotionnelle qui s’exprime par une multitude de sentiments ou de la conscience mentale qui couvre un vaste champ de perceptions correspondant aux pensées qu’a un individu. Mais sous l’angle de la vie unique qui circule dans l’homme, il ne saurait exister plusieurs corps. Du point de vue de la vie, en effet, la constitution de l’être humain forme simplement un tout organisé qui concourt à condenser la force vitale dans le secteur où elle est la plus nécessaire. Pour l’arbre c’est dans la sève accumulée dans le tronc, pour l’homme c’est dans le sang de son corps physique.
Nos trois corps (mental, astral, physique) contribuent donc ensemble à élaborer la force vitale qui se retrouve finalement condensée dans le sang de notre corps physique.

Imaginons que la vie et la constitution d’un homme soit comparées à un générateur électrique ; par exemple, une batterie :

Nos corps mental et astral participent ainsi véritablement à l’élaboration de la vie (force vitale) que manifeste ensuite notre corps physique.
Mais ils ne sont donc pas, dans ce cas, des corps distincts les uns des autres mais une seule et même réalité organique, avec son principe de fonctionnement (mental), sa qualité particulière (astral) et son résultat manifesté (physique).
Pourtant, du point de vue de la conscience, chaque corps offre un champ de perceptions qui lui est propre : les sensations physiques, les émotions astrales et les pensées mentales. Cette dualité, formée par la vie indivisible et la conscience différenciée, se présente comme une équation qui doit être résolue. L’être vivant, doté d’intelligence, est au cœur d’un conflit où une partie de lui n’aspire qu’à se dilater et se nuancer à l’infini (la conscience), tandis qu’une autre ne cherche qu’à se condenser pour atteindre une parfaite unité. Pour résoudre ce conflit, la nature a su trouver un habile compromis : créer des êtres vivants à la conscience discontinue. C’est ce que nous allons tenter d’expliquer dans le paragraphe suivant.

V. La veille, le sommeil et la conscience

Une des contraintes les plus mystérieuses qui s’applique aux êtres humains autant qu’aux animaux est la nécessité qu’ils éprouvent tous deux de dormir. Les savants et les psychologues ont observé cette obligation et ils s’accordent pour dire que le sommeil est indispensable au corps autant qu’à la psyché de l’individu. Selon eux, le sommeil aide à « réparer le corps » et permet de conserver l’équilibre psychique.
Mais qu’est-ce qui cause le sommeil ? Pourquoi perdons-nous conscience ? Quelle est la nécessité d’être privé ainsi cycliquement de cette faculté de « se rendre compte » pendant nos heures de sommeil ?

Afin de répondre à ces questions, il peut être utile de préciser nos idées à propos des états de veille, de sommeil et de rêve.
Ce que l’on nomme couramment la veille, qui est l’état normal avec lequel nous poursuivons nos activités, est considéré comme un état de pleine conscience.
L’état de sommeil comporte apparemment deux stades différents : le rêve, dans lequel la conscience subit une altération et le sommeil sans rêves dans lequel la conscience semble être annihilée. Ce sont là les idées courantes que l’on a sur ce sujet.

1. L’état de veille

L’état dit, de veille, est assez mal compris, car il résulte, en fait, de la combinaison de deux états qui contribuent à le former.
Ces deux états sont la conscience et la vigilance.
Comme nous l’avons détaillé précédemment, la conscience peut soit désigner « avoir conscience », soit « être conscient ». Ce sont ces deux versions de la conscience que nous appelons ici la conscience et la vigilance. Ils sont distincts, car ils proviennent, pour le premier de la conscience proprement dite et pour le second de la vie.
Dans l’état de veille, la conscience nous permet de connaître (avoir conscience), alors que la vigilance est le fait de la vie qui s’exprime en nous (être conscient).
La vigilance ne doit pas être comprise ici comme un état de conscience mentale mais simplement comme la sensation « d’éveil à soi-même » que l’homme a en commun avec l’animal.
Nous ne sommes, par exemple, jamais aussi vigilants (conscients d’être en vie) que lorsque nous marchons au bord d’un précipice. Cette vigilance tient donc de l’instinct, elle s’exprime par des aptitudes réflexes et procure des sensations. Mais elle n’est pas un savoir, elle ne permet que de se sentir exister.
C’est donc parce que notre capacité à percevoir un objet de connaissance se combine avec la sensation de vivre, que nous sommes en état de veille.
Ces deux éléments (conscience et vie) sont totalement imbriqués l’un dans l’autre, et bien qu’ils se complètent, ils sont aussi en perpétuelle opposition. Voici un exemple qui aidera à exposer ce point de vue paradoxal :

Pour la science, la totalité de la réalité pourrait se résumer à des ondes. La matière est énergie et l’énergie est vibration. Mais une vibration ou une onde transmet deux aspects d’une même réalité : de l’information et de la force.
Par exemple, une onde lumineuse par sa fréquence vibratoire nous informe sur sa couleur mais également transmet une force qui peut être transformée en chaleur ou en électricité.
Il en est ainsi de toutes les ondes, électromagnétiques, sonores ou sismiques ; elles sont toutes, dans des proportions diverses, transmettrices d’informations et de force.
Mais les lois des phénomènes que nous étudions dans le monde physique s’appliquent aussi à l’échelle des êtres vivants. C’est pourquoi on peut dire, analogiquement, que la conscience est la partie d’un être qui est réceptive à l’information contenue dans l’onde, alors que la vie de cet être perçoit et se nourrit de la force véhiculée par l’onde.

Note : les ondes dites « longitudinales » transmettent plus de force (de vie) que d’information, et les ondes « transversales » transmettent plus d’informations (de conscience) que de force.

Imaginons que nous jetions un caillou au milieu d’un étang et que nous observions les cercles qui se propagent à sa surface. Ces cercles sont l’onde qui s’étend, après l’impact, vers la périphérie de l’étang. Au plus proche du point de pénétration de la pierre dans l’étang, la perturbation des eaux est maximale, c’est là que la force est la plus importante. Mais au fur et à mesure que l’onde se propage, cette force diminue jusqu’à devenir une simple ride sur la surface qui n’a plus la force de soulever une brindille qui y flotterait. Pourtant, à cette distance, l’information qu’un événement perturbateur est survenu au milieu de l’étang reste intacte, la force de l’onde a été altérée mais pas sa nature. Mieux encore, l’information de l’apparition d’un événement perturbateur au milieu de l’étang est maintenant diffusée sur une large étendue, alors qu’elle était restreinte à un tout petit cercle juste après l’impact.
Cet exemple permet de comprendre que l’information et la force s’expriment inversement proportionnellement l’une à l’autre. La force a besoin d’être concentrée pour exister tandis que l’information est d’autant plus diffusée qu’elle est éloignée de son point d’origine. La totalité de la périphérie de l’étang peut, en effet, être informée de l’événement survenu en son centre, lorsque l’onde affaiblie l’atteint enfin.
En nous rappelant maintenant que l’information est conscience et que la force est vie, nous avons ici une illustration de ce qui était figuré par les deux schémas du paragraphe précédent : schéma de la conscience et schéma de la vie. La vie est concentration (le point au centre) et la conscience est expansion (le cercle à la périphérie).

Appliquons cet exemple à l’être humain et ses trois corps.

Nota bene : le corps physique de l’homme occupe le centre de sa triple constitution, le corps astral l’englobe complètement, et le corps mental qui les inclue tous les deux s’étend bien plus loin, il définit la périphérie de l’être humain (c’est ainsi qu’un clairvoyant voit les trois corps d’un être humain à partir du plan physique).

La force de vie est à son stade de concentration maximale dans le corps physique, mais elle décroît dans les corps astral et mental situés plus à la périphérie de notre être. Dans le corps mental, la force de vie est à peine perceptible. Toutefois c’est à ce point le plus éloigné du corps physique que la conscience est la plus large et la plus différenciée. Nous sommes en effet bien plus conscients de la réalité du monde par une pensée qui existe dans notre mental que par une sensation produite par notre corps physique. Mais la sensation, issue de la force de vie, est puissante, elle fait autorité. C’est pourquoi, par exemple, nous avons tant de mal à résister à l’attrait d’un plaisir procuré par une nourriture délectable (sensation dans le corps physique) en ayant seulement recours à la pensée raisonnée que cela n’est pas bon pour notre santé (connaissance dans le corps mental).

La conséquence de cette dualité de notre constitution est que nous sommes faibles dans la zone de notre être la plus éclairée (le mental), alors que nous sommes puissants là où ne s’élabore qu’une conscience si peu élevée qu’on l’a appelée instinct (le physique).
Toutefois, grâce à l’état de veille qui fait coopérer la conscience et la vie, nous pouvons être, pendant quelques heures de la journée, un peu plus raisonnables dans l’expression de nos instincts, et un peu plus forts (moralement) dans notre conscience.
C’est ainsi que nous domptons nos passions par notre raison.
C’est aussi toujours grâce à cette fusion de la vie avec la conscience qu’opère l’état de veille, que nous ne sommes pas emportés constamment par des pensées qui nous éloigneraient de toute réalité tangible. La nature de la pensée est de s’étendre et se ramifier perpétuellement, toutefois associée à la force de vie qui tend à concentrer et unifier, nos pensées peuvent se canaliser dans une direction unique.

Note : les forces de vie et de conscience n’animent pas seulement les organismes vivants, elles constituent la réalité de toute chose. La civilisation humaine, par exemple, comporte sa part de vie et sa part de conscience. C’est précisément ce point de vue sur les rapports entre la vie (chaotique) et la conscience (raisonnable) que Thomas HOBBES a observé et développé dans « l’état de nature » et « l’état civil ». HOBBES avait bien saisi la dualité de ces forces, mais il a pensé que la force de vie, trop indisciplinée (l’état de nature), devait être empêchée d’agir par l’autorité plus noble de la raison (l’état civil).
Friedrich NIETZSCHE a lui aussi perçu ces deux courants fondamentaux qui fondent le Monde, il les a personnifiés à travers Dionysos (Vie) et Apollon (conscience). NIETZSCHE non plus n’a pas mis en valeur la nécessaire coopération que ces deux forces doivent atteindre pour maintenir l’harmonie du monde et permettre son progrès, il faisait l’apologie de Dionysos (la force) mais dépréciait Apollon (la sagesse).

2. Le sommeil

Mais cet état de veille n’est que temporaire, une règle impérieuse nous oblige à l’abandonner au profit d’un autre état où notre conscience semble s’altérer, voire, disparaître. Pourquoi notre veille est-elle ainsi interrompue ?

La vie tout autant que la conscience est en mouvement. Nous les avons, dans un paragraphe précédent, illustrées par deux schémas, l’un représentant des forces de vie en contraction et l’autre des forces de conscience en expansion.
Si les forces de vie et de conscience étaient statiques, nous ne serions pas exposés à l’écoulement du temps ni ne pourrions en avoir la perception consciente. Le temps n’est en effet que l’enregistrement d’un mouvement.
En se mouvant, les forces de vie occasionnent donc le vieillissement des corps et parce qu’elles se déplacent, elles aussi, les forces de conscience permettent à l’être conscient d’avoir la perception du temps qui passe.
Mais ces forces se déplacent dans un espace limité, l’enceinte de l’être.

Note : bien sûr, nous ne saurions attribuer à ces forces de vie et ces forces de conscience une dimension et une vitesse définie comme nous le faisons pour des forces physiques, car nous parlons ici d’énergies subtiles qui échappent aux instruments d’observation que la science utilise actuellement. Mais ces énergies sont bien réelles.

Ces énergies circulant l’une, du centre (physique) à la périphérie (la conscience mentale), et l’autre, de la périphérie (mental) au centre (la vie physique), se croisent donc à mi-parcours. Puis elles continuent leurs trajets vers leur destination finale. Il y a donc une première phase où les forces de vie et de conscience vont à la rencontre l’une de l’autre et une seconde phase où, après s’être croisées, elles s’éloignent.
La veille, comme nous l’avons définie, n’est que le résultat de la coopération des forces de vie et de conscience. Cet état correspond donc à la première phase pendant laquelle les forces se rapprochent.
Le sommeil qui vient inéluctablement ensuite est alors la conséquence de l’éloignement de ces deux types de forces qui survient nécessairement après qu’elles se sont croisées.
Selon cette explication, le sommeil est l’état dans lequel, la conscience et la vie se séparent l’une de l’autre. La vie dans le corps physique ne reçoit plus l’impact de la conscience, et il s’endort. Mais dans le corps mental, la conscience ne reçoit plus le flux de vie, et il ne peut plus être guidé par l’être à qui il appartient, il se « détache » de l’être. Le mental devient alors impersonnel mais le corps physique qui dort, n’en a bien sûr pas conscience.
Vient en troisième lieu, le moment où ces forces ont atteint leur extrémité : le centre de l’être (le physique) pour les forces de vie, et la périphérie de l’être (le mental) pour les forces de conscience. Là, ces forces ne pouvant plus progresser, l’être engendre « une sorte de secousse » qui appelle un nouveau flux de forces de vie et de conscience à se manifester. C’est cette nouvelle impulsion qui crée le réveil de l’être : l’individu sort de son sommeil et retrouve l’état de veille. Les forces de vie et de conscience re-générées se dirigent alors à nouveau à la rencontre l’une de l’autre. Ce que nous décrivons est comme un battement de cœur mais qui se produirait sur une période d’une journée entière.
A chaque fois que nous sortons du sommeil, c’est un flot de vie et de conscience renouvelé qui se répand dans tout notre être (nos trois corps).
Chaque réveil est, à une toute petite échelle, une sorte de renaissance. Souvent, après notre réveil, nous pouvons enregistrer de nouveaux états de conscience, car notre corps mental aura pu, pendant la phase de séparation de la vie et de la conscience, s’ouvrir à des dimensions qui transcendent les restrictions de la vie individualisée dans les limites du corps physique. Il peut alors déverser le contenu de ces espaces de conscience élargis dans le cerveau, au réveil. C’est la raison pour laquelle de nombreux enseignements spirituels insistent sur la méditation du matin. Cette méditation peut mettre le méditant en contact avec des états de conscience qui proviennent de zones élevées visitées par le mental pendant le sommeil.

[Sch.3] - Schéma de la veille
[Sch.4] - Schéma du sommeil

Commentaire :

Durant la veille, les forces de vie et les forces de conscience vont à la rencontre les unes des autres, elles coopèrent. Mais lorsque ces forces se séparent, elles créent l’état de sommeil.

3. L’état de sommeil et le rêve

Nous avons vu que le sommeil est l’état dans lequel la vigilance et la conscience ne coopèrent plus. Ils sont désolidarisés l’un de l’autre. De ce fait, le corps ne peut plus être éveillé puisque la veille résulte de l’action commune de la vie et la conscience.
Lors du sommeil, la force de vie dont la loi est condensation est occupée tout entière au fonctionnement automatique du corps. Les sensations et réflexes qui caractérisent la vigilance ne sont plus alimentés par la conscience, ils persistent dans le corps mais ne sont pas enregistrés : ils sont inconscients. C’est parce que ces forces de vie ne sont plus employées par la conscience que le corps se régénère dans le sommeil.
Et la force de conscience libérée de toute tutelle erre à son gré. Cette conscience en mouvement n’est plus rattachée à la vie, elle circule librement. Lorsque la force de conscience vient visiter le corps physique pendant le sommeil, le rêve se produit. Puis lorsqu’elle le quitte, il dort sans rêves.
Cet exposé du procédé par lequel on rêve pourra paraître simpliste. Mais l’explication des phases de sommeil avec rêves et sans rêves est aussi élémentaire que le phénomène par lequel la lumière n’est plus vue lorsque l’on ferme les yeux puis devient à nouveau visible lorsqu’ils sont réouverts.

Dans le rêve, la conscience se déploie au gré de l’unique règle que lui fixe sa propre nature : l’expansion et la diversification. Les fantaisies du rêve sont simplement une sorte d’exploration de zones de conscience encore vierges. Ces zones ainsi visitées par le rêve ne sont pas nécessairement intéressantes pour le jugement de l’homme éveillé. Le rêve peut avoir été induit par des impulsions antérieures à son déroulement durant l’association entre vigilance et conscience à l’état de veille, et c’est à cette condition que le psychanalyste peut analyser le contenu d’un rêve. Il est dans ce cas révélateur de la psyché de l’individu.
Mais le rêve peut aussi être totalement affranchi du psychisme de l’individu éveillé, il ne signifie alors rien qui se rapporterait à la personne qui le vit. Dans ce cas, le rêve, sans dessein particulier, montre simplement au rêveur des espaces de conscience inexplorés jusque-là. C’est dans cette catégorie que se rangent les rêves prémonitoires, certains rêves symboliques ou initiatiques, les songes induits par l’âme de l’homme ou même influencés par des entités non humaines dont il ignore tout à l’état de veille. Mais il y a généralement combinaison de tous ces éléments à la fois, car le rêve n’est pas soumis à d’autres lois que l’expansion et la combinaison multiple...
Le rêve est, quoi qu’il en soit, l’état normal de la conscience lorsqu’elle n’est pas associée à la force de vie.
Tout être vivant possède une conscience mais la coopération de la conscience et la vie n’apparaît qu’à partir du règne animal. C’est pourquoi ce n’est que dans ce règne que l’état de veille existe.
Dans le règne végétal l’état de conscience normale est le rêve.
Les plantes et les arbres rêvent... Leurs rêves sont faits d’impressions de contractions et dilatations qui alternent, de sensations de chaleur et de luminosité, mais surtout aussi d’impressions de mouvements qui ne dépendent pas de leur corps de plantes puisqu’ils demeurent fixes, mais du déplacement de la terre dans le ciel.
Les plantes perçoivent en effet les énergies qui proviennent des astres dans le ciel, non avec leurs feuilles, ni leurs fleurs, mais avec leurs racines. Pour elles, les astres leur procurent ce qui ressemble à des sensations tactiles pour les hommes. Les plantes sont caressées par les étoiles dans tout le sens du terme, mais seulement au niveau de leurs racines !
Même si ces propos peuvent aujourd’hui susciter l’incrédulité, la science ne tardera pas à se rendre compte de ce qui est soutenu ici.

Dans le règne minéral, la vie n’est pas séparée de la conscience, c’est la raison pour laquelle, il n’existe pas dans ce règne de tige ni de colonne vertébrale qui séparerait deux parties du corps.
Les minéraux éprouvent une unique sensation qui est une fusion de la vie et la conscience ; cette sensation pourrait être définie comme une impression « de contraction qui persiste ». Les minéraux sont donc conscients du temps et possèdent une notion primitive de l’espace. En acquérant de la transparence (pierres précieuses) et en développant de la radio activité, les pierres démontrent une sensibilité croissante à l’espace.

VI. Synthèse de la première partie

La vie est une « force de contraction » caractérisée par le pouvoir de fusion : elle unifie, amalgame, concentre, afin de transmettre de la puissance motrice. La vie ne peut donc se scinder sans s’affaiblir, elle poursuit l’objectif unique de mettre en mouvement, d’animer.

La conscience est une force issue de la vie qui en forme le pôle opposé. La conscience est le mouvement produit par la force de vie. Ce mouvement, à l’inverse de la vie qui se concentre, est expansif, il est la cause qui crée l’espace.
La conscience se différencie à l’infini, mais elle provient de l’unité de la vie.
La vie est l’Un primordial dont toute réalité est extraite et la conscience est l’infinie variété qui enrichit le monde. Ces deux forces constituent, par leur opposition de nature, mais aussi par leurs volontés de coopérer, le drame et la beauté de l’existence.

Les êtres vivants des différents règnes se caractérisent par le développement progressif de la capacité à établir des relations de plus en plus qualitatives entre leur vie et leur conscience. C’est alors par ces interactions graduelles que se forment les états bien connus de sommeil, de rêve et de veille.
Dans le règne minéral, la vie et la conscience sont indifférenciées. Dans ce règne, ces deux forces ne se combattent pas, mais elles ne coopèrent pas non plus, elles créent un état d’existence caractérisé par la capacité première de « demeurer dans le temps ».
Puis, dans le règne végétal, la vie et la conscience se séparent. La vie produit la croissance continue provoquée par l’accumulation sans entrave de la vitalité dans l’organisme végétal, tandis que la conscience crée le rêve qui permet à la plante de sentir les réalités du monde auxquelles son organisme la rend sensible. Mais n’étant pas en mesure d’associer sa vie et sa conscience, la plante ne peut à son tour manifester ce qu’elle ressent auprès de son environnement : elle ne peut pas agir ni s’exprimer. Sa conscience est enfermée en elle-même ; c’est ce que l’on appelle le rêve.
Dans les règnes animal et humain, la vie et la conscience coopèrent et créent l’état de veille. Cet état permet à l’être qui y accède de manifester, dans la vie, ce qu’il éprouve, dans sa conscience : il est apte à s’exprimer. Mais dans ces deux règnes, la conscience de veille est discontinue, elle est interrompue par le sommeil avec ou sans rêve. Cette discontinuité est l’effet des mouvements de la vie et de la conscience qui se produisent dans des sens contraires, provoquant alternativement une coopération et une séparation de ces deux forces.

Note :
Il est scientifiquement avéré que, pour les êtres humains, le sommeil est indispensable à la croissance de l’organisme. C’est en dormant que l’enfant et l’adolescent grandissent. C’est donc lorsque l’homme vit un état comparable à celui de la plante (disjonction de la vie et la conscience) qu’il peut grandir, comme elle.
On peut conclure de cette observation que lorsque la conscience est dissociée de la vie et n’exerce plus aucune contrainte sur celle-ci, la force vitale s’accumule pleinement dans l’organisme et peut le faire croître indéfiniment jusqu’à sa mort.
L’arrêt de la croissance des organismes animaux et humains à l’âge adulte provient d’une légère prépondérance de la conscience sur la vie. La vie « entravée » par la conscience ne peut continuer de s’accumuler sans fin dans l’organisme qui perd alors progressivement sa vitalité. C’est ce léger déséquilibre qui permet l’évolution de la conscience. Dans le règne animal cette évolution de la conscience se manifeste par la transformation de l’instinct en expérience ; dans le règne humain, c’est la transformation de l’expérience en compréhension (intelligence). Toutefois, dans les règnes végétal et minéral il existe une parfaite égalité des forces de vie et de conscience, car dans ces règnes, l’expérience n’est pas de favoriser le développement de la conscience.

La vie et la conscience sont donc indifférenciées dans le règne minéral, puis elles se dissocient dans les végétaux et tentent progressivement de coopérer l’une avec l’autre dans le règne animal et le règne humain. Mais elles ne peuvent y parvenir que de façon intermittente. C’est cette association intermittente des forces de vie et de conscience que l’on constate lors de l’alternance de la veille et du sommeil des organismes animaux et humains.
Mais l’observation de la dualité vie-conscience dans les quatre règnes successifs suggère que l’objectif visé est la réunification complète de cette dualité en une synthèse parfaite. Dans le règne minéral, les forces de vie et de conscience indifférenciées sont contraintes l’une par l’autre ; elles se limitent mutuellement et empêchent le déploiement des potentialités contenues en germe dans la conscience autant que l’expression du pouvoir d’animation et de motricité contenu dans la vie. Dans le règne végétal, la vie exprime sa force motrice par la croissance de la plante et par la reproduction, mais la conscience, bien que présente, reste inactive (elle n’impacte pas l’environnement où se développe la vie). Puis dans les règnes animal et humain, la dualité vie-conscience coopère, mais la vie est empêchée de s’accumuler pleinement dans l’organisme qui s’affaiblit avec le temps, tandis que la conscience n’est présente que par intermittence.
La tendance vers l’union parfaite de la vie et de la conscience est la finalité même de l’évolution progressive que l’on constate dans les quatre règnes de la nature, mais le règne humain n’offre pourtant pas encore l’exemple de cet accomplissement ultime. En effet, la conscience, seulement intermittente dans le règne humain, devrait pouvoir demeurer présente sans s’effondrer dans les phases répétées de sommeil, et la vitalité devrait pouvoir exister sans être contrainte de s’affaiblir tout au long du temps d’existence de l’organisme. Cet idéal où la vie et la conscience coopèrent sans s’entraver est la condition que l’homme peut atteindre par le procédé de l’initiation. L’initiation, confère à l’homme une condition d’existence en laquelle sa conscience ne s’interrompt plus par le processus du sommeil, et où sa vie peut être contrôlée par sa volonté.
Par cet accomplissement, l’homme dépasse l’homme ; sa conscience devenue vivante est animée de force motrice, et sa vie devenue consciente, ne peut plus être restreinte à la condition d’un corps physique isolé : l’homme a vaincu le sommeil et avec celui-ci, la mort (*).

* Vaincre la mort ne signifie pas que l’homme ne meurt plus mais que la mort cesse d’être un processus subi qui échappe à tout contrôle. La mort et la renaissance deviennent des phénomènes dont l’homme se rend maître. Il se souvient alors de ses vies précédentes et meurt volontairement, en toute conscience, lorsqu’il a mené à son terme l’entreprise pour laquelle il avait pris naissance dans un corps physique.

Deuxième partie : La continuité de conscience

Nous avons observé que la conscience de l’homme est discontinue dans le temps puisqu’elle est interrompue tout au long de la vie par les phases de sommeil. Pendant qu’un homme dort, la marche du monde continue son cours sans qu’il puisse en être témoin, ni y participer.
Cette existence entrecoupée que nous menons sur la Terre ne nous semble pas plus anormale que ne l’est la récurrence du jour et de la nuit qui rythme notre veille et notre sommeil. Mais cette alternance à laquelle nous sommes si bien habitués provient de ce que nous vivons sur la Terre qui tourne sur elle-même et dont la surface ne peut jamais être éclairée tout entière. Mais, si nous devions habiter à la surface du soleil sans jamais connaître l’obscurité, trouverions-nous naturel de nous endormir ?

Cette discontinuité de conscience s’observe également d’une vie à l’autre puisque nous ne nous souvenons pas de nos séjours répétés dans l’au-delà entre deux incarnations.
Pour les partisans de la réincarnation, chaque vie nouvelle n’est rien d’autre qu’une sorte de réveil au monde terrestre après un temps d’interruption où nous demeurions dans un état d’être dont aucun souvenir n’a pu nous parvenir. La mort, pour celui qui renaît, est alors comparable à un sommeil sans rêve, mais vraisemblablement plus long et plus profond !

Cependant, puisque le même être continue d’exister et qu’il revient à la vie, pourquoi doit-il tout oublier de son passage dans l’au-delà ?

Là encore, dans la mort comme dans le sommeil, la conscience est discontinue.
Mais pour ceux qui ont recours aux théories de l’ésotérisme, cette discontinuité de la conscience par le sommeil ou par la mort, est comprise différemment. Pour les sciences ésotériques, lorsque l’homme s’endort dans son corps physique ou qu’il meurt, sa conscience se transporte dans d’autres corps : les corps astral et mental. La perte de conscience ne serait alors qu’apparente puisque l’individu continue de vivre et de se rendre compte dans d’autres plans d’existence.
Selon ce point de vue ésotérique, si l’être à son réveil n’a pas conscience d’avoir été pleinement éveillé pendant son sommeil, c’est parce qu’il n’en a pas gardé le souvenir. De même, si l’être qui se réincarne n’a pas conscience d’une vie vécue dans l’au-delà, ce n’est que parce que sa mémoire n’en a pas gardé la trace.
Mais ces conceptions ne sont pas tout à fait justes, car ainsi que cela a été exposé plus haut, l’état de veille n’est généralement pas très bien compris, et une certaine confusion règne sur la question des états de notre conscience durant le sommeil et dans l’intervalle entre deux vies.

I. La conscience des corps

1. Rappel

Bénéficier de l’état de veille nécessite que nous soyons, à la fois, conscients et vigilants. Ce sont les deux composantes de l’état de conscience éveillée. La conscience et la vigilance diffèrent, en ce sens que la première est une aptitude à observer, connaître et comprendre, alors que la seconde est la capacité de se percevoir soi-même, de se sentir exposé et accessible aux réalités qui nous entourent. La conscience est la faculté qui nous rattache au Savoir, tandis que la vigilance nous relie à la Vie. La conscience se nourrit d’informations, alors que, la vigilance est alimentée par des sensations (en psychologie, la cénesthésie est la somme des sensations internes indéfinissables qui nous donnent notre sentiment d’exister).
Or, la vie qui stimule ainsi notre vigilance tend à se concentrer dans notre corps physique et plus précisément dans notre sang. Le corps astral de l’homme incarné est donc moins vitalisé par la force de vie, et le corps mental, encore plus éloigné du corps physique, ne possède que très peu de force.
L’homme est un organisme qui reçoit sa force vitale (*) de l’aspect le plus dense de sa constitution, son corps physique. Mais la conscience qui l’anime lui vient de l’aspect le plus subtil de sa nature, le mental.

* On affirme généralement dans l’ésotérisme que la vie provient de l’âme de l’homme (le corps causal), mais la vie dont il s’agit alors est « le principe de vie » et non « la force vitale » décrite dans notre propos. Le principe de vie est comme l’étincelle qui allume un feu tandis que la force vitale provient du combustible, de sa qualité d’inflammabilité et de sa quantité. C’est ce combustible que représente le corps physique.

2. Etat hypnotique des corps astral et mental

Dans quelle disposition sont nos corps astral et mental lorsque nous sommes éveillés et actifs dans notre corps physique ?

L’état de conscience de veille, comme cela a été répété dans cet article, est créé par la coopération de la conscience (avoir conscience) et de la vigilance (être conscient).
Cette vigilance est l’effet de l’action de la force vitale sur notre corps physique qui grâce à elle devient apte à se sentir lui-même exister. La vigilance est une sensation diffuse que ressentent les êtres humains et les animaux, mais ce n’est pas une connaissance, car, par elle, aucun objet de savoir n’est perçu.

Nous avons vu également que la force vitale, qui s’exprime sous cet aspect de vigilance, tend à se concentrer dans le corps physique ; elle est alors moins disponible dans les corps astral et mental. Il y a en conséquence un déficit de force vitale dans ces deux corps qui ne leur permet pas d’exprimer l’état de veille. Les corps astral et mental peuvent avoir conscience, mais ils ne peuvent être conscients (vigilants).
Parce qu’ils ont conscience, les corps astral et mental d’un individu incarné émettent et reçoivent des informations, cependant ils n’en seront pas affectés !
L’analogie la plus approchante que nous pourrions trouver pour décrire l’état de ces deux corps pendant l’incarnation est l’état hypnotique.
En état d’hypnose, l’individu reste pleinement conscient, il peut parler, penser, comprendre, exprimer des sentiments, mais il n’est plus relié à aucune réalité objective du monde qui l’entoure ; il n’est accessible qu’à de l’information.
Une réalité objective est un phénomène qui emploie une certaine quantité d’énergie vitale pour se manifester, alors que l’information est une donnée de connaissance qui est transmise, mais qui n’a pas le pouvoir d’impacter directement un phénomène matériel. Par exemple : l’information qu’il pleut ne nous mouille pas, ce qui nous mouille, c’est la pluie elle-même.
Ce n’est donc que la force vitale de l’eau qui a le pouvoir de mouiller, et non le concept d’humidité.

Nous avions précédemment illustré l’énergie vitale (la vie) par la force contenue dans une onde, et la conscience, par l’information que cette onde diffusait. C’est donc la vie d’une chose qui lui permet de se manifester comme une réalité objective auprès d’une autre chose, et de l’impacter de sa force. L’information, elle, peut se communiquer, mais elle ne se manifeste pas ; c’est une nuance subtile mais qui a tout son sens lorsque l’on cherche à comprendre l’état d’hypnose.

L’énergie vitale d’une personne hypnotisée n’est plus sous son propre contrôle, mais sous celui de l’hypnotiseur. C’est pourquoi on dit que ce dernier prend possession de la volonté de la personne qu’il hypnotise. La volonté dont il s’agit est la force vitale de l’individu.
Un sujet hypnotisé pourra ne pas avoir de brûlure sur sa main, alors qu’on l’aura exposée à la flamme d’un briquet pendant plusieurs secondes ; il aura suffi de lui suggérer qu’il ne ressent pas de brûlure et que la flamme ne peut pas l’affecter. Sa force vitale qui n’est plus sous le contrôle de sa propre conscience opère ce miracle apparent. Dans l’état d’hypnose, la conscience et la vitalité du sujet sont totalement dissociées.
Nos corps astral et mental sont donc naturellement en état d’hypnose durant notre vie incarnée. Ils sont conscients, mais ils ne possèdent pas de volonté propre. Aucune force vitale n’est sous leur contrôle car celle-ci est placée sous la gouverne exclusive du corps physique ; c’est lui l’hypnotiseur !

Seule l’énergie de conscience (l’information) s’exprime dans nos corps astral et mental, mais très peu de force (d’énergie vitale).
Les informations qui circulent en eux édifient alors des images qui se succèdent et se transforment : c’est le rêve. C’est pourquoi l’état normal de la conscience, lorsqu’elle n’est pas associée avec la force de vie, est le rêve.

Lorsque nous rêvons pendant notre sommeil, nous retrouvons simplement l’état dans lequel nos corps astral et mental demeurent naturellement. À notre réveil, vient s’ajouter aux rêves de nos corps astral et mental, la force vitale. C’est elle qui coopérant avec les consciences de nos deux corps subtils, apporte ainsi la pleine conscience de veille.
À l’état de veille, bien qu’il se poursuive en nous comme dans notre sommeil, le rêve ne nous est plus apparent. La force vitale nous impacte en effet avec une telle violence que notre attention est détournée des images qui se forment perpétuellement dans notre for intérieur. Mais sans que nous en ayons conscience, le sens qu’ont pour nous ces images intérieures s’exprime par chacune de nos paroles et chacune de nos actions. Le rêve, à l’état de veille, est immédiatement employé par les nécessités que nous avons de nous exprimer, et c’est pourquoi il passe inaperçu.
Dans les moments où « nous rêvassons » à l’état de veille, nous stoppons toute activité, et notre regard lui-même, se suspend dans le vide, comme pour mieux tourner toute notre attention vers notre être intérieur. C’est alors que notre rêve astral nous devient progressivement apparent. Dans ces moments, nous prenons plus facilement conscience des images qui affluent sur l’écran de notre conscience.
La réflexion aussi peut être considérée comme une façon de prendre conscience du rêve qui se poursuit en nous, mais cette fois, seulement dans notre corps mental. Notre mental s’exprime par la création d’images abstraites, souvent géométriques, mais nous les recouvrons si rapidement avec des mots que ces formes se soustraient à notre perception consciente ; nous en conservons, certes, le sens, mais non l’apparence.
Pendant le sommeil, la force vitale du corps physique n’annexe plus les corps astral et mental de l’individu. C’est comme si l’hypnotiseur abandonnait son sujet à lui-même et qu’il oubliait de le réveiller. L’individu erre alors dans les méandres de sa propre conscience.

Le point d’importance à retenir pour notre propos est que nos corps astral et mental, durant l’incarnation, ne connaissent jamais une pleine conscience de veille, sur leur propre plan d’existence.
Ce défaut de conscience est une « discontinuité de conscience », non cette fois, dans le temps, mais dans l’espace. C’est-à-dire que les espaces de perception astral et mental ne sont pas pleinement perçus durant notre vie incarnée, ou plus exactement, ils ne sont pas éprouvés. Nous n’avons en effet pas conscience des environnements astral et mental dans lesquels vivent nos deux corps subtils, comme notre corps physique a conscience des réalités physiques qui sont autour de lui.
C’est sur ce point que beaucoup des adeptes de l’ésotérisme sont abusés lorsqu’ils pensent que leurs corps astral et mental sont des corps de conscience équivalents à leur corps physique mais sur des niveaux plus subtils. Tant que nous sommes en vie, il n’en est pas ainsi. Le seul corps pleinement éveillé est notre corps physique (en dehors des périodes où il dort), parce qu’il est le seul à être conscient autant qu’il peut avoir conscience. Dans le plan astral, notre corps astral n’éprouve pas les réalités qu’il côtoie. Il peut les percevoir, mais il n’y réagit pas.
Il n’en est pas ainsi des personnes décédées qui se retrouvent sur ce plan. La mort les a éveillés pleinement aux réalités de ce monde dans lequel elles résident désormais. Ces personnes possèdent alors une force vitale dans leur corps astral qui leur permet d’être et d’agir dans ce nouveau corps comme elles le faisaient, durant leur vie incarnée, avec leur corps physique.
Lorsqu’une personne décédée rencontre le corps astral d’une personne incarnée, elle perçoit cette dernière dans l’état d’hypnose que nous avons décrit plus haut. C’est pourquoi une loi interdit aux décédés d’entrer trop en contact avec les vivants durant leur sommeil, car ce contact influence la personne incarnée qui n’est pas en possession de sa propre volonté (force vitale) dans son corps astral.
Pour un vivant, le contact dans l’astral avec un décédé équivaut à une suggestion hypnotique. Même si cette suggestion a pour motivation l’amour de la personne décédée, elle n’en reste pas moins une entrave à son libre arbitre.
Mais les morts ne sont que rarement tentés de contourner la loi qui restreint leur désir de prendre contact avec les vivants, car ces derniers ne sont pas éveillés et en pleine possession de leurs moyens. Pour la personne décédée, le corps astral du vivant, privé de force vitale, est comme dans un état de torpeur qui la repousse.

3. Le rêve lucide et le voyage astral

Afin de dissiper tout malentendu sur ce sujet si peu compris aujourd’hui, il peut être nécessaire d’aborder brièvement le thème du rêve lucide et du voyage astral.
Être conscient que l’on rêve pendant le déroulement d’un rêve, c’est faire un rêve lucide. Cette situation nous fait alors penser que nous sommes, dans notre rêve, aussi éveillés que nous pouvons l’être dans notre corps physique.
Alors que dans un rêve ordinaire nous avons simplement conscience, dans un rêve lucide, nous sommes également conscients.
Cette situation spectaculaire semble contredire ce qui était développé dans le paragraphe précédent. Il y était expliqué que lorsque le corps physique dort, la force vitale ne coopère plus avec les consciences astrales et mentales, et il manque alors, la vigilance, pour que l’individu puisse être pleinement éveillé dans ces autres corps.

Mais par une observation attentive, on constate que dans un rêve lucide, la conscience du rêveur ne possède pas le même contenu de conscience que celui qui caractérise l’homme éveillé dans son corps physique. Dans son rêve, il ne se souvient pas, par exemple, de la date ni du jour pendant lequel se produit son rêve, et la plupart des données de sa propre vie ne sont pas accessibles à sa mémoire. Certains éléments de la vie du rêveur peuvent même être en totale contradiction avec ceux de sa vie réelle, il peut avoir une maison différente, vivre avec d’autres personnes, avoir un autre métier, etc.
Mais surtout, les événements qu’il vit dans son rêve manquent de la constance qui caractérise si bien la force vitale dans le plan physique. La force vitale, en effet, du fait qu’elle repose sur l’unité, apporte toujours avec elle des réalités immuables. Ces réalités s’imposent à chaque situation particulière que nous vivons, car elles demeurent en lien avec le tout, l’universel. Par exemple, dans le monde physique, un frottement crée de la chaleur, c’est un fait constant et universel qui provient de l’unité de la force vitale avec le tout. Ce fait ne connaît aucune dérogation dans toute l’étendue de l’univers physique.
Mais dans le rêve lucide, il n’existe aucun fait constant qui permettrait au rêveur de se repérer dans son expérience comme on se fie dans la vie physique aux lois de la nature. Ce manque de constance de l’expérience du rêve lucide ne provient pas de ce que le rêve se produit dans le monde astral et que les lois de ce monde ne sont pas les mêmes que celles du plan physique, car dans cet autre plan, des lois aussi rigoureuses que celles du monde physique sévissent. Ces lois sont immédiatement apparentes lorsqu’une personne se retrouve en pleine conscience de veille sur ce nouveau plan (c’est le cas des trépassés). C’est donc la force vitale qui apporte sa tangibilité au monde dans lequel nous vivons, que ce monde soit l’univers physique que nous connaissons si bien, ou les mondes astral, mental et d’autres encore plus éthérés.
Dans le rêve lucide, cette force vitale fait défaut ainsi que dans un rêve ordinaire.
Alors, comment est-il possible que nous soyons conscients d’être en train de rêver ?
Cette particularité d’un rêve lucide provient simplement de l’ancrage, dans notre conscience astrale, de l’information que nous sommes en train de rêver. Ce n’est pas une perception consciente, mais une information qui vient s’ajouter aux autres informations du rêve.
Bien souvent, un rêve lucide intervient après un temps de réveil plus ou moins long au cours de notre sommeil. Ce temps de réveil qui interrompt une période de rêves permet d’introduire le sentiment de veille dans les méandres de l’inconscient de l’individu qui se rendort alors avec la conscience qu’il est éveillé ! D’autres fois, un rêve devient lucide au cours de son déroulement. Cette situation se produit parce que le réveil du corps est en train de s’effectuer et l’individu ne va pas tarder à s’éveiller complètement ; l’inconscient du rêveur ressent la force vitale en train de s’organiser pour l’éveil du corps physique.
Mais dans le plan physique, notre « éveil à nous-même » n’est pas une simple indication provenant de l’inconscient ; c’est un ensemble d’impressions sensorielles intérieures et de perceptions sensorielles extérieures qui proviennent de l’impact de notre propre énergie vitale sur notre corps. Ces impressions et perceptions sensorielles (*) se répercutent alors comme des échos dans notre conscience et nous informent que nous existons.

* Il faut toutefois que la soi-conscience préexiste dans le mental pour que ces informations sensorielles puissent être interprétées comme il convient.

Une certaine littérature ésotérique abonde en récits d’expériences astrales vécues par leurs auteurs. Ceux-ci prétendent s’extraire de leurs corps physiques et « voyager » avec leurs corps astraux dans l’univers physique et dans d’autres plans de conscience. Ces voyages astraux, s’ils s’effectuent avec les mêmes restrictions que le rêve lucide ne sont en réalité que des rêves lucides. Le rêve lucide est une expérience qui intervient parce que la conscience de l’individu n’est ni complètement sortie du corps physique, ni totalement présente sur le plan astral. C’est un état à mi-chemin entre l’éveil physique et le rêve astral. Cet état intermédiaire peut toutefois servir de socle, à ceux qui se préparent pour l’initiation pour transférer finalement la force vitale dans le corps astral et opérer définitivement son réveil. Ce transfert s’opère par l’usage de la volonté, il réclame une force psychique que seul l’homme qui a acquis un total empire sur lui-même possède.
Certaines drogues provoquent artificiellement cet état où la conscience est partiellement en dehors du corps physique mais dans ces cas la force vitale est diminuée et elle subit un dommage irréparable. La personne qui emploie des drogues pour goûter à des états de conscience modifiés ruine son énergie vitale au point où celle-ci lui fera défaut même après qu’elle sera passée par-delà le portail de la mort. Cette personne subira, dans l’après-vie, une invalidité dans son corps astral aussi réelle que celle que subit un corps physique lorsqu’il est handicapé. Les drogues ne sont jamais une aide au processus d’initiation. Elles détruisent l’intégrité énergétique d’un être humain et sont toujours la cause d’un retard sur le chemin de l’évolution pour celui qui les emploie.
Pouvoir s’extraire de son corps physique en toute conscience et exister indépendamment de lui, avec la même lucidité, la même conscience, les mêmes souvenirs, est l’expérience naturelle réservée aux trépassés ou à ceux qui ont conquis cette prérogative par l’initiation.
Mais lorsqu’un initié use de cette capacité, ce n’est jamais pour voyager au gré de ses caprices, visiter des contrées astrales en touriste, ou vivre des expériences merveilleuses. Cette faculté est employée par eux avec responsabilité et uniquement pour satisfaire aux obligations que leur impose la difficulté de leur mission terrestre ; ils n’en relatent jamais les détails dans un livre.

4. L’initiation : un accomplissement prévu depuis l’origine

Pouvoir se libérer de son corps physique et demeurer pleinement éveillé n’est pas une récompense qu’obtiennent ceux qui se sont qualifiés, au mépris des épreuves et des souffrances, pour devenir des initiés.
Cette faculté qui abolit toute discontinuité de la conscience est la conséquence d’un pas supplémentaire effectué dans le rapprochement de la dualité vie-conscience. C’est un accomplissement de l’Évolution, et indirectement seulement, de l’homme.
Du stade minéral primitif dans lequel la vie et la conscience sont indifférenciées, en passant par le stade où cette dualité se dissocie dans le règne végétal, puis apprend enfin à coopérer dans les règnes animal et humain, l’évolution aspire à l’union totale de cette paire d’opposés. C’est cette fusion parfaite que l’on appelle l’initiation et qui confère à l’homme qui y accède : la continuité de conscience.
L’initiation n’est donc pas un accomplissement individuel, un acte méritoire qui vaudrait notre admiration ; c’est l’achèvement de l’intention pour laquelle la vie est apparue.
Lorsqu’un individu accède à l’initiation, c’est l’univers tout entier qui élève un fragment de lui-même à l’unicité et l’universalité de Sa Vie.

II. L’Initiation et la continuité de conscience

Note : dans cet article nous parlons de l’Initiation comme d’un processus unique, mais ceux qui sont informés par la littérature ésotérique sur ce sujet savent qu’il existe plusieurs initiations successives. Dans le règne humain, on en compte généralement cinq. La cinquième initiation fait de l’homme un « Maître de Sagesse » ou un « Adepte », selon les références de la théosophie.
Mais ici, nous ne parlons pas de l’initiation sous l’angle de l’expansion de conscience de celui qui y accède, mais du point de vue de la Vie qui accomplit son propre dessein. Sous cet angle, il n’existe qu’une initiation : c’est celle qui réalise l’unité finale de la vie et la conscience. Cette initiation unique comporte des étapes que la conscience actuelle de l’homme perçoit au nombre de cinq. L’union de la vie et la conscience commence véritablement à la troisième initiation et se parachève à la cinquième. Les deux premières initiations préparent la conscience à accueillir la force vitale avec laquelle elle devra fusionner à partir de la troisième. Ces deux premières initiations sont appelées des initiations du seuil, car l’individu qui les a prises n’est pas encore apte à pénétrer dans la « zone à haute énergie » où vivent ceux qui ont réunifié leur dualité originelle.
Plus tard, dans des cycles de temps lointains, les cinq étapes nécessaires pour atteindre l’initiation seront probablement franchis en trois grands stades seulement.

1. Le règne Humain, dernière marche avant l’initiation

Au stade humain de l’existence, la vie est un phénomène involontaire. L’homme ne peut en effet décider d’être en vie, il ne peut qu’en faire le constat.
Bien que conscient de lui-même, l’homme n’est pourtant pas « auteur » de sa propre existence.
Mais contrairement à l’idée couramment admise, il n’est pas non plus l’auteur conscient de ce qu’il Est, de son caractère, ses qualités et ses défauts. Un virtuose qui découvrirait tardivement ses aptitudes à jouer d’un instrument, parce que, jusque-là, les conditions de sa vie l’auraient tenu ignorant de l’existence de la musique, ne peut pas prétendre que son talent aura été, ni souhaité, ni cultivé ; ce talent se révèle à lui, tout simplement. Tout ce que nous sommes profondément est apparu en nous sans que nous ne l’ayons jamais consciemment désiré.
Il en est ainsi par exemple, pour chacun, de la découverte de sa propre orientation sexuelle ; nul ne peut prétendre qu’il l’ait choisie.
Un hétérosexuel, un homosexuel ou une personne tristement attirée par les enfants ne prend pas la décision de ses goûts et préférences. Bien que ses attirances fassent de l’homme ce qu’il est en tant qu’être sexué, il n’en a pourtant jamais décidé lui-même ; cela s’impose à celui qui le vit.
La conscience que l’homme a de lui-même n’est donc pas une fonction qui ne choisit ni ne commande, ce n’est qu’une capacité à se rendre compte ; la conscience n’est qu’un témoin qui observe.
Alors pourquoi en est-il ainsi ?
Comme nous l’avons abondamment répété dans les pages précédentes, le dessein de l’évolution rapproche la vie et la conscience jusqu’au point où elles coopèrent dans l’être humain.
Cette coopération culmine en créant l’état de « conscience de veille » dont nous jouissons dans nos corps physiques. Mais notre vie n’est pas pour autant consciente, dans le sens où elle nous impose des instincts et des impulsions dont notre conscience ignore le mobile (nos préférences sexuelles, par exemple).
Et notre conscience n’est, elle non plus, pas vivante, car elle ne dispose pas de la faculté d’atteindre la réalité.
Nous pouvons, par exemple, penser toute notre vie durant, que notre taille dépasse 3 mètres de haut, cela ne nous fera pas grandir d’un seul centimètre. Mais si la vie, indépendamment de toute volonté consciente, a décidé que nous soyons l’homme le plus grand de notre génération, alors, il en sera ainsi.
Ces simples faits, qui prêtent peut-être à sourire, sont révélateurs de l’absence de fusion entre la vie et la conscience qui caractérise l’état d’être humain.
Si notre conscience était vivante, ce qui serait pensé, serait immédiatement manifesté.
Note : la Magie est l’art qui tente de compenser cette lacune de la conscience, en l’initiant aux rituels secrets de la Vie.

Et si notre vie était consciente, nous pourrions connaître les nécessités qui nous ont conduits à être ce que sommes, avec toutes nos particularités, et notre vie individuelle s’identifierait avec les consciences de tous les êtres de la création.
Note : la Méditation est la voie qui éduque la force de vie brute et la conduit graduellement à cette identification : c’est cela la véritable illumination. La lumière est de la vie devenue consciente !

Mus par une vie consciente, nos instincts et nos pulsions les plus ordinaires seraient gouvernés par notre raison et ne pourraient jamais nous submerger, nous serions les auteurs et les maîtres de nous-mêmes. Et animés par une conscience vivante, nos pensées seraient agissantes comme le sont actuellement nos actions ; nous serions souverains non seulement dans nos esprits mais aussi dans le monde.
Aussi prodigieux que nous semble être un tel énoncé, c’est pourtant cela le dessein précis que la vie poursuit à travers le processus de l’initiation.
Sur le socle de l’état humain, l’initiation est l’entreprise qui mène à bien la fusion de la vie et la conscience en une unique réalité. Cette fusion prévue dès l’origine de l’apparition de la vie, élève l’homme à son ultime degré de dignité, celle d’un être parfaitement Libre et Responsable.

2. Fonctions distinctes des forces de conscience et des forces de vie dans les trois corps

a. Fonction des forces de conscience

La substance constituant nos trois corps existe dans des degrés de densité différente. Le corps mental est le plus subtil, il pourrait être comparé à de la matière gazeuse. Le corps astral d’une densité intermédiaire serait comme un liquide, et notre corps physique serait comparable à la matière solide. En conséquence, il faut beaucoup plus de force pour mouvoir la matière de notre corps physique que celle de notre corps mental. C’est la raison pour laquelle les forces vitales, dont l’objectif est d’apporter la motricité à la substance des corps, sont présentes en bien plus grande quantité dans le corps le plus dense : le corps physique.
Mais du point de vue de la conscience, le corps mental étant plus subtil, il offre l’opportunité de s’étendre et se ramifier bien plus aisément que ne le peut le corps astral et à fortiori le corps physique. La conscience est donc d’autant plus fine et étendue que la substance du corps est subtile.
Dans le corps mental, la capacité à nous rendre compte (conscience) se manifeste sous la forme de pensées qui sont un moyen efficace pour percevoir avec précision des objets de connaissance.
Dans le corps astral plus dense, notre conscience est atténuée. La substance dans ce corps ne nous permet alors pas de penser, mais seulement de ressentir. Dans l’astral la conscience s’exprime avec des sentiments.
Par les sentiments, notre perception de la réalité se combine avec nos réactions personnelles. Les sentiments sont alors moins objectifs que les pensées ; ils procèdent pour une part de ce qui est perçu, mais pour une autre part, ils dépendent de la disposition de celui qui perçoit.
La pensée n’a pas pour but de refléter les inclinations de celui qui pense, mais de représenter le plus fidèlement possible la réalité observée.

La force de conscience dans le corps physique dense, est encore plus entravée que dans l’astral. Dans le corps physique la perception consciente ne se manifeste que par des sensations. Une sensation nous permet d’être en relation avec un objet de connaissance, mais seule notre propre réaction à cet objet est perçue.
Ainsi, un nourrisson caressé par la main bienveillante de sa mère ou frôlé par le chien de la famille qui passe à ses côtés ne ressent dans tous les cas qu’un frottement léger sur sa peau ; ces deux sensations sont équivalentes même si ce qui les a engendrées est bien différent. Seuls les sentiments et les pensées qui pourraient venir interpréter ces effleurements permettraient au nourrisson de leur donner une signification différente. Le corps physique qui n’offre que des sensations est donc un corps de moindre conscience.

Note :
Bien que notre corps physique ne soit apte qu’à produire des sensations, nous prenons toutefois conscience de pensées et de sentiments dans ce corps. Ces pensées et sentiments ne sont pas élaborés par lui, mais ils lui sont transmis par les corps mental et astral avec lesquels il est interconnecté. Les trois corps de l’homme sont en étroite relation mutuelle.

Du point de vue de la conscience, plus le corps est subtil, plus la conscience s’y trouve étendue.
La force de conscience est comparable à de l’eau à l’état de glace solide dans le corps physique, qui devient liquide en s’échauffant dans la sphère astrale et se transforme en vapeur d’eau dans le mental. À ce stade gazeux, l’eau occupe un vaste espace et peut s’immiscer bien plus facilement dans tous les interstices. Elle inclut toute chose en elle.

Voici un schéma qui tente d’illustrer la force de conscience s’élevant dans les trois corps. Le corps physique est ainsi le corps le plus bas, le moins apte à être conscient, et le corps mental, en position la plus élevée, est le plus conscient.

[Sch.5] - Schéma des trois corps du point de vue de la conscience

Commentaire :

L’énergie de conscience s’accroît et se ramifie au fur et à mesure qu’elle s’élève dans des corps de plus en plus subtils. Le corps le plus élevé (mental) est le plus conscient.

b. Fonction des forces de vie

Toutefois, lorsque nous regardons cette organisation psychique du point de vue de la force de vie, les sentiments sont une puissance motrice qui engagent bien plus notre énergie que les froides observations de la pensée.
Sollicité par une situation donnée, un homme est, en effet, infiniment plus disposé à se sentir concerné et réagir s’il est touché émotionnellement que s’il est simplement informé objectivement des faits en cause. C’est pour cette raison que dans la société humaine, les causes morales impersonnelles (de nature mentale) reçoivent bien moins d’énergie que les myriades de causes basées sur l’intérêt individuel (de nature émotionnelle).
Mais les sensations de la vie physique mobilisent une force bien plus grande encore. Si par exemple, nous avons froid et faim (sensations physiques intenses), nous chercherons comment nous nourrir et nous réchauffer avant tout ; notre confort émotionnel passera en second, et notre vie morale encore après.
C’est ainsi que des rescapés d’un accident d’avion, au bout de quelques jours sans nourriture, se sont vu manger certains de leurs congénères qui n’avaient pas survécu (crash du Vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya, en 1972).
La sensation éprouvée par notre corps physique, est saturée d’énergie vitale, elle produit beaucoup de force motrice et submerge sans mal toute motivation morale.
La fonction de la vie n’est pas de s’étendre pour tout embrasser mais de se concentrer pour apporter la plus grande résistance possible à l’organisme qu’elle fait vivre.

Du point de vue de la vie, nos trois corps mental, astral et physique, se comportent comme des aimants qui attirent les forces vitales présentes autour d’eux afin de les condenser. Plus la substance du corps est dense et plus la force vitale s’y trouve en grande quantité et y est concentrée. Notre corps physique en dernier ressort attire à lui toutes les forces vitales accaparées par les deux autres corps.

Voici à nouveau un schéma qui illustre ces forces de vie, mais cette fois, avec les trois corps. Le corps physique est situé au centre de notre constitution, entouré de notre corps astral, lui-même inclus dans l’orbe de notre corps mental.

[Sch.6] - Schéma des trois corps du point de vue de la vie

Commentaire :

Les trois corps sont représentés par des disques concentriques. Le corps mental est à l’extérieur ; bien que très étendu, il ne dispose que de peu de force vitale. Le corps astral est un peu plus vitalisé, et le corps physique situé au centre est saturé de force de vie.
La force de vie, dans un mouvement centripète, se condense et se renforce au fur et à mesure qu’elle se manifeste dans des corps de plus en plus denses.

3. La création des formes et de la lumière

Nous avons vu que la coopération des forces de vie et de conscience créait l’état de conscience de veille. Cette production concerne l’aspect psychologique ou subjectif de la réalité, qui est le seul à avoir été considéré jusqu’ici.
Mais qu’en est-il si nous envisageons la rencontre de ces deux forces comme le ferait un scientifique qui s’intéresse, en premier lieu, à l’aspect objectif de l’existence ?

La vie Une est une force sans contour ni limite. Cependant, sous l’influence des forces de conscience, elle prend forme, elle se délimite. Le courant de conscience qui s’étend en se fragmentant définit et structure la force de vie, c’est alors cette structuration que nous appelons une Forme.
A titre d’illustration, on pourrait dire que la conscience agit sur la vie sans forme de la même manière que le froid dans une atmosphère saturée de vapeur d’eau permet de la faire apparaître en formant un nuage. Le nuage a une forme définie et limitée, alors que l’eau à l’état de vapeur ne possédait aucune forme distincte (pour une perception humaine).
Plus l’impact de la conscience sur la vie est important et plus la forme est organisée. C’est pourquoi les formes des règnes animal et humain sont plus complexes que celles des végétaux, elles-mêmes plus élaborées que les formes minérales.
Dans tous les cas, ces formes élaborées par l’impact de la conscience sur la vie sont révélatrices des forces qui ont œuvré pour les modeler telles qu’elles apparaissent. Une plante, un insecte, un animal ainsi que les corps subtils (éthériques, astraux, etc.) que possèdent tous les êtres vivants révèlent, par leur apparence même, la qualité et l’intention des forces de vie et de conscience qui les ont formés. C’est cette compréhension profonde des formes que les religions animistes reconnaissent lorsqu’elles parlent de « l’âme des formes et des éléments naturels ». Dans les religions monothéistes le « sens du Sacré » est une reconnaissance de la signification voilée par l’apparence des formes créées par la nature ou par l’homme.
Chaque forme naturelle existe pour une raison qui peut être décelée par celui qui sait lire en elle l’orientation de la vie et la disposition de la conscience qui l’anime.

Mais cette influence de la conscience sur la vie est nécessairement assortie d’une influence réciproque de la vie sur la conscience.
La force de vie impacte à son tour la conscience en expansion et ainsi la fait apparaître, elle la rend objective : c’est cela que nous appelons la Lumière. Lorsque l’on parle du rayonnement, élément caractéristique de la Lumière, on dépeint deux qualités entremêlées : la diffusion et l’éclat.
La diffusion est l’acte par lequel la lumière se répand dans toutes les directions et remplit l’espace tout autour d’elle ; c’est la présence de la conscience en elle qui se traduit ainsi.

Mais l’éclat est la force d’impact de la lumière, c’est lui qui a la capacité d’éveiller l’œil à la vue autant que de l’éblouir ! L’éclat est la force, la vie contenue dans un rayon de lumière.

Note : la lumière dont il est question ici n’est pas en premier lieu, la lumière qui permet à nos yeux physiques de voir le monde.
C’est une autre lumière ; celle dont parlent les écritures religieuses du monde. C’est cette lumière dont l’apparition fut ordonnée par la Divinité, ainsi que cela est rapporté dans ces mots de la bible :
« Que la Lumière soit ! et la Lumière fut ».
Cette Lumière, purement spirituelle, est donc la Conscience qui se répand dans l’univers en informant le monde « du fait de la Vie ».
La Lumière physique que nos yeux peuvent voir n’est qu’un emblème, dans notre monde d’apparences, de cette Lumière véritable. Mais même sous cette forme atténuée que nous connaissons dans notre monde physique, les organismes vivants reçoivent de la lumière un stimulant qui les développe et les fait prospérer. Ceci est particulièrement apparent dans le règne végétal, ainsi que chacun le sait.

En résumé, on peut dire que l’interaction de la vie et la conscience crée deux réalités opposées et complémentaires :

La Lumière est donc de la conscience devenue vivante (unifiée), tandis que la Forme est de la vie conscientisée (différenciée).
Mais dans l’univers physique comme dans le monde spirituel, ces deux réalités opposées coexistent nécessairement, car sans lumière aucune forme ne pourrait être connue, et sans forme aucune Lumière n’est visible.

L’homme, l’animal ou la plante nous sont connus par leurs formes que nous pouvons voir et toucher. Ces formes proviennent toutes de la vie qui a reçu l’impact plus ou moins important d’une force de conscience. Mais la conscience présente dans ces organismes vivants doit également recevoir l’influence de la vie et produire ainsi une émission de lumière.
Cette lumière émise par les êtres vivants est bien un fait, c’est elle que les sciences occultes appellent l’aura ! L’aura existe partout où peut être trouvée une forme douée de conscience. Les trois corps d’un homme (physique, astral et mental) émettent de la lumière, chacun dans sa propre sphère d’influence. Les corps d’un animal, ceux d’un végétal ou même d’un minéral émettent eux aussi leur propre lumière caractéristique. Cette lumière est d’une nature plus subtile que la lumière physique, mais elle est bien réelle.

La forme d’un être ne contient que peu des qualités exprimées par cet être puisque cette forme est produite par la limitation que la conscience exerce sur l’unité de sa vie.
Mais la lumière émise par ce même être exerce une grande influence sur son environnement ; elle est la vie qui se sert de la conscience pour se véhiculer par-delà la forme. Les alchimistes, s’il en est encore dans notre siècle rationaliste, savent que c’est seulement dans cette lumière que sont contenues les véritables propriétés des minéraux et des végétaux. La science alchimique bien qu’elle semble avoir pour objet les formes matérielles n’a, en vérité, à voir qu’avec la lumière.

4. L’être intérieur et l’être extérieur

Notre propos jusqu’à maintenant s’est attaché à décrire l’interaction de la vie et de la conscience de deux points de vue :

Subjectivement, c’est-à-dire pour lui-même, l’homme est cette créature soi-consciente qui passe par les phases obligées d’inconscience (sommeil) et de veille.
Objectivement, ce même homme est reconnaissable par la forme de ses corps et la lumière qu’il émet.
Ces deux visions ne sont finalement que deux façons d’observer l’interaction entre la vie et la conscience dont il est doté. Ce sont les perceptions intérieures et extérieures de la même réalité.

Pour unifier ces deux visions on pourrait dire que la forme du corps de l’homme est ce qui sommeille en lui, tandis que la lumière qu’il produit est ce qui veille.
Le rêve, ainsi que cela a été précisé plus haut, est présent dans la veille comme dans le sommeil, mais dans la veille, le rêve contribue à apporter la compréhension, et les images dont il est formé ne sont pas enregistrées.
Le rêve est un élément de liaison entre la veille et le sommeil, il peut être considéré comme « l’aspect vibratoire » d’une forme, c’est-à-dire son émanation la plus subtile. (L’existence d’une telle vibration de la forme a été supposée par Rupert Sheldrake et pourrait se manifester par une émanation appelée, par lui, « champ morphogénétique », mais ce n’est pas encore une donnée scientifique reconnue).
Pour la lumière, le rêve se situe dans ce que la science nommerait son aspect corpusculaire, c’est-à-dire son aspect le plus matériel.

L’homme pourrait être comparé à une bougie dont la flamme est allumée lorsqu’il veille et éteinte lorsqu’il dort. La cire de la bougie est le corps de l’homme qui sommeille, la flamme est sa conscience de veille et la mèche est le rêve. C’est cette mèche qui est le lien entre le corps et la lumière, ainsi que le rêve est le lien entre le sommeil (le non-conscient) et l’état de veille d’un être (le conscient).
Lorsque la flamme a été éteinte, la mèche encore chaude peut continuer de rougeoyer, c’est ainsi que le rêve est produit dans le corps endormi. À l’état de veille, la luminosité de la mèche qui rougeoie est perdu de vue dans la plus grande lumière de la flamme ; le rêve bien que présent n’est plus perçu.
Nous voyons par cet exemple que le corps de la bougie (la forme) est bien distinct de la flamme (la lumière) mais ils sont mis en contact par la mèche dont la nature bien que corporelle peut produire un peu de lumière (le rougeoiement).
La vie et la conscience séparées se rapprochent donc dans le rêve mais ne s’unissent pas pleinement. Une union complète permettrait à la matière du corps d’être lumière et à la lumière d’être corporelle.
La tradition religieuse rapporte la possibilité d’un tel état lorsqu’elle évoque l’existence d’un « corps de gloire ». Cette expression mystique désigne la fusion complète de la forme et de la lumière. C’est à cet ouvrage que se consacrent ceux qui atteindront l’initiation.
L’existence d’un tel corps est très bien représentée par l’image du soleil qui est un corps de lumière, et une lumière corporifiée. Le soleil (ainsi que toute étoile) est l’emblème physique du corps de gloire.
Dans un tel corps, la conscience et le corps qui ne sont plus séparés, s’expriment par le rayonnement continu.
C’est l’équivalent d’un tel corps lumineux que représente le corps de gloire d’un être humain. Le processus d’initiation procède à son édification.
Ce corps ne remplace pas le corps physique dense que nous connaissons bien, c’est un corps constitué à partir de la substance la plus raffinée des plans physique, astral et mental. Ce corps n’est pas l’aura, dont nous avons parlé plus haut, puisque l’aura n’est que l’aspect lumière d’un être. C’est plutôt un « corps de lumière » par lequel son possesseur peut exprimer une vie et une conscience réunifiées. Mais l’homme ordinaire n’a pas la possibilité de le voir, car sa vision s’arrête aux couches les plus denses de la matière physique.

5. Caractéristiques du corps de gloire

Les corps d’un homme ordinaire sont séparés les uns des autres ; les pensées dans le mental, les émotions du corps astral et les sensations physiques sont des réalités bien distinctes. La conscience de veille n’existe que dans le corps physique, car ce n’est que là, que la conscience et la vie peuvent coopérer. Les corps astral et mental ne disposent pas de suffisamment de force de vie pour produire ce que nous avons appelé « la vigilance » et créer en eux une pleine conscience de veille.
C’est pour cela que durant sa vie, l’état d’un être humain peut être décrit ainsi :

C’est cet état que l’être humain connaît tout au long de sa vie et qui caractérise la normalité.
On voit que la vie de l’homme sur les plans astral et mental est en sommeil bien que sa conscience y soit active par le rêve. Ce sommeil de sa vie sur ces plans se traduit par la quasi-incapacité d’agir dans les mondes astral et mental durant sa vie incarnée. Sur ces deux plans, ainsi que cela a été dit, l’homme est en état d’hypnose ; il y possède une conscience, mais ne parvient pas à la relier aux phénomènes qui se déroulent autour de lui.
Pour cette raison, l’homme est ignorant de ce qui se déroule sur les plans astral et mental, il ne peut rien y voir, ni rien y entendre.

Lorsque « le corps de gloire » est édifié, il est constitué d’une substance unique qui inclut les trois plans physique, astral et mental. Cette substance infiniment plus fluide et raffinée que les substances différenciées des trois corps possède la propriété de pouvoir s’immiscer à volonté dans la matière des trois plans. Elle est telle de l’eau qui s’infiltrerait aussi aisément dans du papier, de l’éponge ou du tissu, alors qu’il serait impossible de fondre en une unique substance ces trois différents matériaux. Le corps de gloire est donc constitué d’une substance extrêmement subtile qui a la propriété d’être répandue uniformément sur les trois plans physique, astral et mental.
Il n’y a alors, du point de vue de cette substance, plus de degrés de densité différents qui obligeraient les forces de vie à se concentrer dans le corps le plus dense et délaisser les corps plus subtils (voir : schémas 3 et 4).

Pour cette raison, dans ce corps unique, la coopération des forces de conscience et des forces de vie est complète, et la pleine conscience de veille est présente dans l’ensemble de ce corps subtil. Ce corps s’étendant dans le même espace qu’occupent, pour l’homme ordinaire, les trois corps séparés, la pleine conscience est présente sur les trois plans physique, astral et mental. C’est cet état que les ésotéristes désignent lorsqu’ils parlent de continuité de conscience.
Par la continuité de conscience un homme vit sur les plans, astral et mental de la même façon qu’une personne ordinaire vit sur le plan physique. Sa conscience de veille est complète et simultanée sur les trois plans, mais pour lui, ils n’en forment plus qu’un seul. Cela confère à l’individu initié la capacité de tout connaître dans ces trois plans, il est omniscient.

Une autre conséquence importante de la continuité de conscience est que l’homme ne vit plus de période d’inconscience pendant le sommeil de son corps physique. Ce corps a encore épisodiquement besoin de dormir, mais la conscience de l’homme initié demeure dans le corps de gloire sur les trois plans physiques, astral et mental, désormais unifiés. Le corps physique n’est pour lui qu’une sorte de vêtement qu’il laisse pendant ses heures de sommeil, ce corps n’est donc plus perçu comme une part de lui-même lorsqu’il s’en revêt.
La force de vie dans le corps de gloire n’est plus limitée par la conscience pour créer une forme, mais elle a fusionné avec la conscience, et l’homme possède dans sa conscience toutes les prérogatives que confère la vie. Cela se traduit par le pouvoir d’agir sur les réalités du monde directement avec la force de la pensée. L’homme ayant atteint ce stade, s’il se révèle tel qu’il est, apparaît à ses semblables comme un thaumaturge, un mage. C’est ainsi qu’un « fils de Dieu » guérit les corps et les âmes, qu’il élève les consciences, et qu’il pardonne.

Note : dans le sens spirituel, l’action de pardonner est une capacité à endosser les conséquences du karma d’autrui. Ce n’est pas un acte bienveillant qui renonce à s’offenser d’un tort qu’on aurait enduré, mais c’est l’action par laquelle les conséquences destructrices d’un acte contraire au Bien sont rendues inopérantes. Dans ce sens, le pardon ne peut être donné que par celui qui a le pouvoir d’agir librement sur la vie elle-même.
Le corps de gloire est donc un corps d’omnipotence pour l’action des forces de vie, autant qu’il est omniscient pour la conscience.

[Sch.7] - Circulation des forces de vie et de conscience dans le corps de gloire

Commentaire :

Dans le corps de gloire les forces de vie et les forces de conscience ne circulent plus de la périphérie au centre, ni du centre à la périphérie (voir [Sch.1] et [Sch.2]), elles circulent en cercle ou en spirale de façon homogène.

6. La substance du corps de gloire

Nous avons indiqué que le corps de gloire était constitué d’une substance homogène qui s’étendait sur les trois plans d’existence de l’homme. D’où provient cette substance et comment est-elle élaborée ?

Les substances des corps, physique, astral et mental de l’homme sont distinctes ainsi que le seraient des matériaux de densité différente. Le courant de conscience qui traverse alors chacun de ces corps en est affecté et la conscience résultante est triplement différenciée :
Dans le corps mental, les perceptions conscientes sont faites de pensées, dans le corps émotionnel, ce sont des émotions, et dans le corps physique elles sont réduites à des sensations. Ce sont trois degrés différents de perception que l’homme utilise pour apprécier la réalité autour de lui. Mais chacun de ces niveaux de perception est employé par l’homme pour appréhender des réalités différentes.
Dans le domaine mental, l’information que nous communique notre pensée lorsque nous comprenons que 2 + 2 = 4, ne possède pas d’équivalent en termes d’émotion ni de sensation ! Cette pensée ne nous fait pas ressentir de joie, de plaisir ou de peine, elle n’est que mentale.
En revanche, la joie que l’on éprouve, par exemple, en apprenant une nouvelle heureuse n’est pas une notion de notre pensée, elle nous emplit d’un sentiment qui ne se traduit pas en concept.
Et, dans la sphère de notre vie physique, la sensation éprouvée en percevant le frottement de nos habits sur notre peau lors d’un mouvement ou celle ressentie en entendant le son lointain d’un avion ne peut être traduite en termes d’émotion ou de concept. Ces trois domaines (mental, émotionnel et physique) dans lesquels s’exerce notre conscience sont donc bien séparés.
Or, nous avons dit que le corps de gloire était composé d’une substance qui incluait les domaines de perception des trois corps. Cela laisse entendre qu’une telle substance devrait offrir à la conscience la possibilité d’éprouver une sensation à chaque chose pensée, ainsi que de se représenter par une pensée claire chaque sensation perçue. Une telle disposition de la conscience, où de simples perceptions sensorielles offriraient le même degré de perception logique à la conscience qu’une représentation mentale, peut sembler impossible. Mais c’est pourtant à ce rapprochement que nous entraîne l’exercice de la méditation.
Le but que poursuit la méditation est, en effet, l’approfondissement maximal des perceptions de la conscience. Cet approfondissement, qui cherche à connaître « à fond » l’objet soumis à l’examen conscient, va chercher à s’enrichir de tous les moyens et toutes les perceptions mises à disposition de la conscience. Ainsi, si la chose observée est une idée perçue par le mental, elle devra par la méditation être éprouvée et ressentie par les corps astral et physique de l’homme. Si l’élément considéré par la conscience est un sentiment, celui-ci devra alors être rattaché à un concept mental et se traduire par une sensation éprouvée par le corps. Méditer c’est sentir, éprouver et comprendre tout à la fois un même objet de conscience, que celui-ci nous soit apparu en premier lieu sous une forme sensorielle, émotionnelle ou mentale. Ce n’est que par un tel effort de perception que la réalité observée peut dévoiler à la conscience le secret de son existence. En méditation la pensée que 2 et 2 font 4 provoque une émotion et se prolonge dans une sensation qu’éprouve notre corps.
La méditation est donc le procédé qui fait coopérer les substances distinctes de nos trois corps. Avec le temps et lorsque la méditation est devenue une activité naturelle de la conscience, une qualité de substance très subtile est attirée par l’activité fusionnée des trois corps et offre un nouveau véhicule à la conscience. Cette substance a, alors, la capacité d’être sensible aux trois degrés de perception mental, astral et physique à la fois : c’est une substance homogène qui s’étend sur plusieurs plans.
A titre d’analogie, lorsqu’un morceau de plastique est frotté sur une pièce de tissu et que l’air ambiant comporte une quantité adéquate d’humidité, de l’électricité statique apparaît. La propriété de cette électricité n’est comparable ni au plastique, ni au tissu, ni à l’air qui ont pourtant permis de la produire. La méditation lorsqu’elle fait coopérer les trois fonctions psychiques de la pensée, du sentiment et de la sensation produit une substance comparable à cette électricité. Cette substance possède alors des propriétés bien différentes de celles de trois corps qui ont permis sa production.

Note : En ésotérisme, les plans de conscience sont généralement représentés verticalement, s’étageant du plus dense au plus subtil.
Ce qui distingue la substance des différents plans n’est pas véritablement leur nature, mais l’organisation de leur substance. C’est pourquoi l’eau dans ses trois états, solide, liquide et gazeux illustre assez bien la conformation des trois premiers plans, physique, astral, et mental.
Mais, la substance créée (ou attirée) par la méditation et qui constitue le corps de gloire est plus subtile. Dans le langage de l’ésotérisme, c’est de la substance bouddhique. Le plan bouddhique, situé au-dessus du plan mental, est un lieu de synthèse pour les trois plans, mental, astral et physique qu’il domine et unifie harmonieusement.

Cette substance distribuée sur l’espace des trois plans, ne comporte pas de différence de densité ; la force de vie n’a donc plus besoin de s’y concentrer au point de plus grande compacité, la vie y circule librement. Dans ce nouveau corps sans compartiment, les mouvements des forces de conscience et de vie ne peuvent plus s’opposer, car le centre et la périphérie du corps offrent désormais le même degré de densité, et par conséquent, les mêmes conditions d’existence.
Les forces de vie et de conscience s’entrelacent alors dans un mouvement spiralé, et fusionnent sans effort. En s’unissant enfin, la vie et la conscience libèrent l’individu des limites de la condition humaine : la force vitale de l’homme n’est plus enfermée dans l’enceinte étroite de son corps physique, et sa conscience, en plus de se rendre compte et connaître, se voit dotée du pouvoir d’agir ! L’homme qui vit cette unification finale des forces doubles qui le constituent n’éprouve plus le sentiment d’avoir une énergie vitale limitée à son propre corps, il est physiquement identifié à tout ce qui l’entoure : la pierre à ses côtés, le nuage au-dessus de lui, ou l’homme avec qui il parle font désormais partie intégrante de lui, de sa propre vie.
Mais cette vie de toute chose est désormais, pour lui, devenue consciente, et il peut lui commander à volonté… C’est par ce corps de gloire que le Christ apaisait la tempête, guérissait les malades, changeait l’eau en vin, et éclairait la conscience de l’humanité. Mais tandis qu’il vivait cette vie physique parmi les hommes incarnés, sa conscience et sa force vitale s’étendaient dans des plans de conscience plus élevés et y agissaient aussi aisément que son corps sur la Terre.
De nombreux êtres aujourd’hui sont passés par les processus de l’initiation et se tiennent dans la même lumière que lui. Ils œuvrent, à ses côtés, à l’unification de la vie et de la conscience sur la Terre, sans être entravés par les processus de la naissance et de la mort. Ces hommes vivant désormais dans leur corps de gloire ont conquis l’immortalité à laquelle nous sommes tous promis.

III. Résumé de la deuxième partie

L’état de conscience de veille chez l’homme ne peut être constant car il résulte de la coopération des forces de vie et de conscience qui circulent en lui, dans deux sens contraires : de la périphérie au centre et du centre à la périphérie. Lorsque les mouvements de ces forces les font se diriger l’une vers l’autre, l’homme est éveillé, mais lorsqu’elles se séparent, l’homme s’endort.
Toutefois l’état de veille n’est connu par l’homme, durant son incarnation sur Terre, que dans son corps physique ; ses deux autres corps, astral et mental ne lui offrent qu’un état de conscience hypnotique. Ce n’est qu’au moment de la mort que l’homme ordinaire peut s’éveiller dans ses corps astral et mental de la même manière qu’il l’était antérieurement dans son corps physique. L’initiation, toutefois, permet à un homme, d’éveiller ces deux corps subtils durant sa vie terrestre ; bien que possédant un corps physique, il jouit alors des mêmes prérogatives que les morts.
La vie et la conscience s’attirent, se repoussent et s’apprivoisent dans le règne humain. Ce sont ces interrelations qui constituent les états de veille, de rêve et de sommeil caractéristiques de la condition humaine.
Mais du point de vue de ces forces elles-mêmes, la vie et la conscience créent, lors de leurs interactions, des formes et de la lumière (lumière spirituelle). Les formes sont des forces vitales limitées et structurées par de la conscience. Et la lumière est de la conscience animée par de la vie.
Ce sont ces formes et cette lumière qui fusionnent dans l’homme qui atteint l’initiation : cette fusion de la forme et la lumière constitue alors « le corps de gloire ».
Le corps de gloire permet à l’homme qui l’a construit de résider dans un véhicule qui ne confine plus sa force vitale à la seule vie physique et dote sa conscience de la capacité d’agir librement sur la matière. Par ce corps l’homme est vivant et conscient sur les trois plans physique, astral et mental sans discontinuité durant le sommeil, ni la mort.

Troisième partie : Le Secret du Feu

Frank Wilczek, prix Nobel de physique 2004 a dit en parlant de la nature de l’univers observable : « L’ancien contraste entre la Lumière céleste et la Matière terrestre a été transcendé dans la physique moderne. Il y a une seule chose, et ça ressemble plus à l’idée traditionnelle de la lumière qu’à l’idée traditionnelle de la matière. »

I. Le symbole, langage de l’ésotérisme

Les traditions ésotériques et religieuses du monde ont toujours employé le symbole du feu pour désigner tantôt un pouvoir spirituel, tantôt un procédé de transmutation, ou bien encore une étape sur le sentier du développement spirituel.
Dans la bible, l’Esprit Saint descendant sur les apôtres à la pentecôte est décrit ainsi : « ... alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. »
Moise au sommet du mont Sinaï se trouva devant la vision d’un « buisson ardent » qui brûlait d’un feu qui ne consume pas.
Dans l’Hindouisme, « Agni » est le dieu du feu spirituel tandis que pour le Shintoïsme c’est « Kagutsuti », et tous deux sont des dieux initiateurs.
Pour les adeptes de l’ésotérisme, un « terrain ardent » doit être traversé courageusement par les disciples avant qu’ils puissent se présenter devant la porte de l’initiation.
Le mental de l’homme aussi est parfois décrit comme un feu destructeur tandis que son âme est la « flamme » qui éclaire sa conscience et réchauffe le cœur de son frère.
En alchimie, le feu est une force matérielle dont l’origine spirituelle doit être découverte et utilisée afin de procéder aux véritables opérations alchimiques, celles qui ne concernent pas la matière. C’est pour cette science, le plus élevé des quatre éléments.

Les emblèmes du feu et de la flamme semblent donc définitivement avoir affaire avec des phénomènes spirituels mystérieux qui n’ont pu être décrits que par ces images symboliques.
Contrairement aux mots du langage qui désignent en les définissant des réalités perçues par la conscience, le symbole est une forme qui évoque un sens mais ne le représente pas.
L’emploi d’un symbole devient nécessaire lorsque la signification de ce qui doit être communiqué échappe aux réalités observables par nos sens et aux concepts de la logique.
Le symbole vise donc un champ de significations que les capacités mentales et le bon sens ne peuvent pas embrasser.

De la même manière que les ondes hertziennes constituent l’arrière-plan invisible qui permet le fonctionnement d’un téléviseur, il existe derrière le monde des phénomènes matériels et psychiques qui nous sont familiers, un arrière-plan causal invisible.
Le symbole est alors un pont tendu entre notre monde d’apparences objectives et un « monde causal » qui en constitue l’arrière-fond invisible.

Le Feu est un tel symbole qui cache et révèle tout à la fois la clé des mystères de l’initiation.

II. Le Feu de la création

1. La dualité de la manifestation

Le phénomène que nous appelons la vie est ce qui met une réalité en mesure d’être perçue et atteinte par toutes les autres.
Ce qui est vivant peut en effet être appréhendé et compris par la conscience mais aussi peut subir des modifications, être altéré ou même détruit. Une chose est considérée comme vivante dès lors qu’elle s’impose à son environnement, mais elle est alors également soumise aux influences auxquelles celui-ci l’expose. La vie n’est donc pas un concept métaphysique, une idée indéfinissable, ni un produit de la pensée. C’est la tangibilité même des choses et du monde.
Pourtant cette vie est issue d’un processus, elle n’apparaît telle que nous la connaissons que par l’action de forces qui participent à sa production.

Que sont donc ces forces qui produisent le phénomène du vivant ? Quelle est leur nature ?
Ces forces qui créent la vie sont le Yang et le Yin de la tradition Taoïste. Le Yang est la force dynamique (active) et le Yin la force d’inertie (passive).
Le Yang et le Yin sont par nature impondérables, inconditionnels et infinis. C’est en se rapprochant l’un de l’autre qu’ils créent la vie finie, objective et structurée que seule nous pouvons connaître.
La force active (Yang) est pour les traditions spirituelles de l’occident appelée « Esprit » et la force d’inertie (Yin), la « Matière ».
Mais le Tao chinois les décrit avec plus d’exactitude lorsqu’il parle de Yang et de Yin, car il n’établit pas de hiérarchie de valeur entre le Yang et le Yin ainsi que cela apparaît généralement lorsque l’on parle d’Esprit illimité et de Matière finie.
Le Yang est une force d’émission active infinie qui ne subsiste que parce qu’une puissance équivalente mais de polarité opposée lui offre une parfaite assise : le Yin.
Le Yin et le Yang sont donc par eux-mêmes intangibles, car ils représentent tout deux des forces absolues et sans limites qui se tiennent à l’arrière-plan du monde manifesté.
En occident, le concept de matière limitante et conditionnante ne représente pas pleinement ce que désigne le Yin, car ce dernier est aussi infini et insaisissable que peut l’être le Yang (l’esprit).
Lorsque dans ce paragraphe nous parlerons de matière, nous désignerons donc le concept ésotérique de la matière représenté par le Yin du Tao et pas ce que nous appelons matière lorsque nous touchons un objet inerte ou un être vivant. La « vraie matière » ou Yin est aussi invisible et intangible que l’esprit.

Note : c’est certainement cette « vraie matière » dont l’existence est soupçonnée aujourd’hui par les sciences astrophysiques confrontées au problème de la « masse manquante ».

Les propriétés de l’esprit (Yang) sont strictement inverses de celles de la matière (Yin).
Elles se résument à trois caractéristiques principales :

Mais lorsque les phénomènes sont observés du point de vue du vivant, les trois caractéristiques de l’esprit sont considérées comme des qualités, ce sont :

C’est la présence d’au moins deux de ces trois qualités qu’exige la science lorsqu’elle recherche la présence de la vie n’importe où sur la Terre ou dans le ciel.
Une infime bactérie est identifiable par un type d’activité défini ainsi que l’animation de son corps cellulaire qui s’adapte aux contraintes de son environnement. Elle est alors considérée comme vivante selon les critères de la biologie.
Les atomes ne sont généralement pas considérés comme des organismes vivants, car du point de vue de la science actuelle, l’animation interne dont ils font preuve n’est pas autonome mais n’est qu’un effet de leur activité.

Lorsque l’activité, l’animation et la conscience sont présentes simultanément, on est en présence d’une vie plus évoluée. Mais cette vie supérieure que manifestent si ostensiblement les organismes animaux et humains est, pour le point de vue élargi de l’occultisme, une prérogative de tous les êtres, de tous les règnes. Les végétaux et les minéraux sont, en effet, pour la science occulte, aussi vivants et conscients que le sont les êtres humains et les animaux, car tous manifestent à leur propre degré une certaine activité, sont animés d’une vie propre, et développent une forme de conscience.
C’est seulement parce que les échelles auxquelles s’expriment ces trois qualités fondamentales diffèrent grandement que des êtres aussi éloignés qu’un minéral et un homme ne peuvent se connaître mutuellement dans toute leur étendue.
Les étoiles et les planètes du ciel sont, pareillement, des vies conscientes pour lesquelles la vie et la conscience humaine sont aussi peu discernables que la vie minérale l’est pour l’homme.

Toutefois le point commun de toutes ces vies, vastes comme une galaxie ou minuscules comme un atome, reste les trois qualités d’activité, d’animation, et de conscience dont elles font preuve.

Mais ces qualités qui proviennent de la force active de l’esprit n’expriment pas, dans les organismes vivants qu’elles animent, l’absence de limite qui caractérise l’esprit.
Un être humain ne manifeste pas d’activité infinie, il est animé d’une vie limitée dans la durée et restreinte à la périphérie de son organisme, et sa conscience n’embrasse pas la totalité du monde ; bien que possédant les qualités d’activité, d’animation et de conscience, l’homme est donc une créature limitée et conditionnée. Pourtant, l’esprit qui lui fournit ces trois qualités ne connaît aucune limitation, il est une force absolue. De telles limites caractérisent, bien sûr, les êtres de tous les règnes de la nature ainsi que les vies qui évoluent dans des dimensions plus élevées que l’homme.
Pourquoi en est-il ainsi, comment la force originelle infinie peut-elle être réduite et mise de la sorte entre des bornes ?
La limitation des facultés de l’esprit (Yang) résulte simplement de son association avec la matière (Yin) dont les qualités opposées le pondèrent. Ce n’est qu’à cette condition que la vie peut apparaître.

2. La vie est Feu

Le principe par lequel une chose est vivante est donc l’association de la force positive infinie de l’esprit (Yang) avec la force d’inertie également infinie de la matière (Yin).
La différence des degrés du vivant que nous constatons dans les règnes successifs de la nature ne provient que de la proximité plus ou moins grande que ces deux forces sont parvenues à réaliser.
À peine en contact dans le règne minéral mais bien plus alliés dans le règne humain, l’esprit et la matière ne cessent de se rapprocher dans les règnes successifs et constituent des organismes vivants de plus en plus aptes à exprimer les trois facultés de mouvement (activité), de chaleur (vie) et de rayonnement (conscience).

Mais ainsi décrites, ces trois forces sont des notions abstraites dont l’observation pratique est difficile, car comme nous l’avons dit, ces trois qualités proviennent de l’arrière-plan invisible de la vie manifestée.
C’est pourquoi un symbole leur a été substitué pour signifier à l’intuition plus qu’à la raison les propriétés et les fonctions qu’elles accomplissent. Ce symbole qui décrit si justement les trois qualités d’activité, de chaleur et de rayonnement est : le Feu.

Le feu est en effet en perpétuel mouvement (activité),
le feu est porteur de chaleur (animation ou vie),
Et le feu rayonne de la lumière (conscience).

Le feu est donc le symbole parfait des trois qualités qu’exprime l’esprit lorsqu’il peut se manifester par le contact de la matière.
Dans ce symbole, la matière elle-même est représentée par le combustible qui permet au feu d’exister. Le combustible est inerte, froid et ne rayonne pas.
La combustion est, alors, le phénomène qui résulte de l’action du feu sur le combustible. La matière est détruite pour le profit de la manifestation des trois qualités portées par l’esprit : c’est ce phénomène universel que nous appelons la vie.

III. Les feux de l’homme

1. Feux corporels (par friction) et feux psychiques (solaires)

Lorsque nous envisageons le corps d’un organisme vivant (végétal, animal et humain) nous pouvons apercevoir l’activité qu’il produit ainsi que la chaleur et l’animation qui le caractérisent, et la science a même découvert récemment que toute cellule émettait un rayonnement lumineux.
Pour cette raison chaque organisme vivant est, sous l’angle des sciences ésotériques, un Feu.
La psyché des êtres repose elle aussi sur l’association de l’esprit et la matière mais à un degré plus subtil. Dans la dimension psychique, ce rapprochement de l’esprit et la matière manifeste, tout comme au degré de la vie organique, les trois facultés de mouvement, de chaleur et de rayonnement. Mais au niveau psychique ces facultés s’expriment par des caractéristiques mentales :

La psyché de l’homme est donc aussi un Feu mais s’exprimant dans une sphère plus élevée que les réalités organiques.

D’un point de vue occulte, un homme peut alors être considéré comme un Feu organique voilant un Feu psychique moins visible mais de plus grande qualité.
La tradition ésotérique de l’orient dit que ces deux feux de niveaux différents doivent s’éveiller à la présence l’un de l’autre, puis s’interpénétrer pour fusionner enfin. L’ésotérisme oriental les désigne des noms de feu par friction et de feu solaire. Le feu par friction est le feu produit par l’organisme animal ou humain et le feu solaire est le phénomène igné résultant de l’élaboration de sa conscience.

L’évolution de l’homme consiste, de ce point de vue ésotérique, à élever l’activité de son feu organique au même degré d’activité que le feu de sa conscience et à abaisser le feu de sa conscience au degré des forces corporelles afin de purifier leurs fonctions.
Dans les deux premières parties de cet article, il a été dit que l’initiation consistait à faire fusionner les forces vitales avec les forces de conscience.
Les forces vitales, vous l’aurez compris, sont le feu organique ou feu par friction ainsi désigné par la tradition ésotérique. Ces forces vitales sont condensées dans l’organisme physique de l’homme ainsi que cela a été décrit dans la deuxième partie de cet article.
Les forces de conscience répandues dans le corps mental correspondent, quant à elles, au feu solaire. Leur fonction est principalement psychique.

Lorsque la tradition ésotérique indique que la rencontre et le mélange homogène de ces deux feux est l’objectif que doit poursuivre l’étudiant en occultisme, ce n’est donc rien d’autre que la fusion des forces de conscience et des forces de vie caractéristique du processus de l’initiation.

2. Le Feu organique, son évolution et sa transformation

Ainsi que cela a été indiqué, tout ce qui existe objectivement est issu du rapprochement de deux forces primitives, l’une positive-active (le Yang ou esprit) et l’autre négative-passive (Yin ou matière). Selon ce point de vue, le feu organique représente la force négative-passive (Yin) tandis que le feu de la conscience est une expression de la force positive-active (Yang).
Mais lorsque le feu organique est considéré seul, sans rapport avec le feu de la conscience, il apparaît alors, lui aussi, comme un feu issu du rapprochement des deux polarités Yin et Yang qui constitue toute chose. Le feu organique possède donc un pôle Yin et un pôle Yang qui doivent se rapprocher et se mêler.
C’est ce rapprochement des polarités Yin (matière) et Yang (esprit) au niveau d’un corps animal ou humain qui assure la combustion de l’organisme, c’est-à-dire sa vie.

Dans les organismes humains, ces deux polarités ont déjà atteint un important degré de fusion sans que les individus n’aient eu besoin d’y porter une attention ; le feu organique est une fonction automatique non consciente. C’est l’évolution des corps humains s’adaptant aux contraintes d’un environnement changeant pendant des millénaires qui a doté l’homme moderne de cet accomplissement.
Cette fusion des polarités Yin et Yang du feu organique permet à l’homme de ressentir dans son organisme physique les sensations de bien-être et de mal-être, de vitalité et de fatigue indépendamment de l’état de bonne ou de mauvaise santé de son corps physique. L’animal est lui aussi porteur de ce même feu organique, mais chez lui les polarités Yin et Yang n’ont pas encore complètement fusionné, de ce fait les animaux ne vivent que dans les fonctions purement mécaniques de leurs corps. Chez eux, le bien-être et le mal-être, par exemple, ne sont liés qu’à l’état physique de leurs organes ; les animaux ne ressentent pas leur propre vitalité même si celle-ci est très importante.
L’être humain dans la petite enfance jusqu’à l’âge de trois ou quatre ans connaît le même état que l’animal, car à cet âge le feu organique n’a pas encore fusionné ses polarités positive et négative. Un enfant fatigué ne s’en rend pas compte jusqu’à ce qu’il s’endorme, car il n’a pas la sensation de son propre état énergétique !

Pendant une grande part de l’évolution, les corps biologiques suivent donc leur propre voie de développement indépendamment de la conscience des êtres qui les utilisent.
Mais les règles du développement du feu organique sont strictement les mêmes que celles qui font interagir la conscience et la vie sur une plus large échelle.

a. Kundalini et Prana

La tradition orientale a identifié les deux polarités Yin et Yang du feu organique et les a nommées : Kundalini (Yin) et Prana (Yang).
Kundalini est la force même de la matière dont les orientaux disent qu’elle se tient lovée comme un serpent endormi au bas de la colonne vertébrale du corps humain.
Cette image signifie clairement la notion d’inertie négative, de la polarité Yin de Kundalini. Kundalini est l’aspect Yin-négatif d’un organisme vivant.
Toutefois, en dehors de toute appropriation par un organisme ou un être conscient, Kundalini est la force Yin infinie et inconditionnée dans toute sa pureté.
Dans ces mêmes traditions orientales, Prana est considéré comme un feu vitalisant partout présent dans la nature et dans l’univers. Prana est une force de rayonnement, il est en perpétuel mouvement, et est transmetteur d’une certaine chaleur. Il est donc l’expression de la polarité Yang dans la nature. Le soleil irradie du Prana en grande quantité dans tout le système solaire, mais chaque planète par une alchimie énergétique spécifique développe aussi son propre Prana.

Par sa respiration et ses mouvements, un organisme biologique attire et absorbe le Prana qui se mêle alors à la polarité négative de son être (Kundalini). C’est par ce mécanisme naturel mais inconscient que le corps est vivant.
Le Prana une fois utilisé par l’organisme en ressort sous la forme du « magnétisme animal ». Ce rayonnement du magnétisme animal est l’équivalent à la minuscule échelle humaine, du Prana solaire. Ce sont les propriétés du magnétisme animal qu’utilisent en général les guérisseurs et les rebouteux pour soulager ceux qu’ils aident.

L’Hindouisme et le Bouddhisme attribuent une grande valeur à la Kundalini qui représente une force spirituelle devant être découverte par le méditant.
Il est indiqué par ces traditions que Kundalini doit s’élever jusqu’au sommet de la tête à la rencontre d’un feu spirituel venant de l’esprit de l’homme. Il y a alors une fusion qui s’opère entre les deux parties positive (esprit) et négative (matière) de l’homme. Cette fusion permet de libérer définitivement l’homme de l’emprise de la matière.

Ces énoncés sont exacts mais indiquent un accomplissement ultime de l’usage de la force de polarité négative (le Yin ou Kundalini).

b. Kundalini à différentes échelles

En fait, le Yin ou Kundalini dans l’organisme s’unit à des polarités Yang en trois grands stades successifs au cours de l’évolution de l’homme.
Dans un premier temps, Kundalini (Yin) s’unit avec Prana (Yang) et constitue le Feu organique (feu par friction). Cette première évolution s’est produite sans effort conscient de la part de l’homme, et tous les êtres humains en bénéficient aujourd’hui à travers le fonctionnement automatique de leur corps physique.
Puis ces deux polarités unifiées cherchent à entrer en contact avec l’aspect conscience (l’âme de l’homme) pour fusionner de nouveau. C’est ce second stade que nous avons décrit dans les deux premières parties de cet article et qui apporte à l’homme la « continuité de conscience ».
À travers ce second stade, répétons-le, le feu organique constitué de l’union du Prana et de la Kundalini fusionne avec la conscience de l’homme (Polarité positive ou feu solaire). Mais, en regard du feu solaire de la conscience, le feu organique, bien qu’édifié à partir des deux pôles, positif (Prana) et négatif (Kundalini) est alors considéré comme une nouvelle polarité négative.
Puis, à leur tour, les feux organique et solaire s’unissent et constituent, eux aussi, une nouvelle polarité négative vis-à-vis d’un dernier feu qui provient de l’esprit de l’homme. L’esprit de l’homme est porteur d’un troisième feu qui pour le distinguer des deux précédents a été appelé : « feu électrique ». Il est de polarité Yang.

La tradition ésotérique orientale décrit ces fusions successives, mais pour chacune d’elles, la polarité négative est toujours appelée Kundalini.
Lors de la fusion avec le Prana, la polarité négative est Kundalini. Puis lors de la fusion avec les feux solaires, le pôle négatif qui n’est que le feu organique lui-même est appelé Kundalini. Et enfin, au moment de la fusion finale avec le feu électrique de l’esprit, le feu solaire unifié au feu organique, est encore appelé Kundalini.

Résumons, ici, ces éléments de la tradition orientale qui peuvent sembler complexes :

« L’homme est doté de trois feux Yang positifs :

  • le Prana
  • le feu solaire
  • et le feu électrique

Ces trois feux sont rattachés à l’expression et l’évolution de trois parties de son être :

  • son corps physique pour le feu du Prana
  • sa conscience ou âme pour le feu solaire
  • et son esprit pour le feu électrique

L’homme possède également trois polarités négatives qui forment les pôles opposés de ses trois feux positifs. Ce sont :

  • la Kundalini à l’état latent avant sa fusion avec le Prana
  • la Kundalini après sa fusion avec le Prana
  • et la Kundalini après sa seconde fusion avec le feu solaire

Ces trois stades de la Kundalini forment les polarités négatives successivement mises en contact avec le feu du Prana, puis le feu de la conscience (ou feu solaire), et le feu de l’esprit (ou feu électrique). »

L’homme évolue donc en trois grands stades emboîtés les uns dans les autres. Dans un premier temps, l’évolution ne concerne que le corps jusqu’à la création d’un feu organique parfait. Puis à partir de ce stade, l’évolution s’emploie à développer les potentialités de la conscience (ou âme) jusqu’à l’obtention de la « continuité de conscience ». En dernier lieu, enfin, l’évolution concerne le domaine de l’esprit qui est une dimension encore très éloignée de la connaissance que l’homme a actuellement de lui-même.
Toutefois lorsque l’on regarde l’ensemble du processus dans ses trois étapes, on peut dire que le développement de l’être est fractal :
Un certain degré d’expérience atteint, donne naissance à un niveau d’expérience supérieur qui préexistait à l’état latent et l’englobait.
Ce principe que l’on nomme évolution est universel ; il concerne tout ce qui vit dans l’univers.

Nous allons détailler dans le chapitre suivant, par une considération attentive de la nature du Yin et du Yang, comment un certain stade d’expérience qui atteint son terme peut former, à son tour, le socle d’une nouvelle expérience plus élevée.

3. Evolution fractale et Kundalini

L’existence, à toutes les échelles de l’univers, ne peut apparaître que par le rapprochement d’une force positive infinie et inconditionnée (le Yang ou esprit) et d’une force négative également infinie et inconditionnée (le Yin ou matière).
Les corps animaux et humains suivent donc à leur propre niveau les mêmes buts universels que les consciences qui les emploient pour se manifester. L’évolution d’un corps, autant que l’entité consciente qui l’habite, ne procède toujours que du rapprochement, du mélange, puis de la fusion des deux pôles opposés, Yang-esprit et Yin-matière.
Lorsque cette fusion définitive est atteinte, les polarités positive (Yang-esprit) et négative (Yin-matière) désormais unifiées forment alors une nouvelle polarité.
Cette polarité contrairement à ce que l’on pourrait penser n’est pas neutre, mais négative. En effet, la fusion complète du positif et du négatif forme un état d’équilibre parfait. Cet état totalement stable a donc toutes les caractéristiques de l’inertie qui définit la polarité négative.
La stabilité ainsi atteinte par l’équilibre d’une force positive et d’une force négative offre donc une plus grande inertie que la polarité Yin qui avait participé à son édification.
C’est pourquoi seule une polarité Yang renforcée pourra désormais contribuer à former un nouveau couple de polarités Yin-Yang. Le Yin plus affermi attire alors un Yang plus puissant pour qu’ils puissent former à l’issue de leur fusion un nouvel équilibre encore plus stable.
Ce processus est le principe de l’évolution qui dans notre univers ne connaît pas de fin :
Le Yin fusionne avec le Yang et crée un nouveau Yin plus fort qui attirera alors un Yang plus accentué.

Il peut être utile de rappeler que chaque degré d’équilibre nouvellement atteint sera toujours caractérisé par les trois qualités de motricité, de chaleur et de rayonnement provenant du rapprochement des pôles Yin-matière et Yang-esprit. C’est pour cette raison, par exemple, que la matière organique de nos corps (Yin) manifeste une intense activité cellulaire et produit de la chaleur.

On trouve une analogie à ce procédé de l’évolution dans la mise en œuvre des processus de fusion nucléaire que l’on observe dans des étoiles.
La science de l’astrophysique indique qu’au cœur des étoiles, des éléments légers (hydrogène) fusionnent grâce à la force de gravitation et forment des éléments plus lourds (deutérium), qui fusionnent à leur tour en créant des éléments encore plus lourds (hélium).
Ces divers éléments atomiques peuvent être considérés comme les forces Yin (matière) qui en interagissant avec des forces de pression (Yang), engendrées par la force de gravitation, produisent de nouveaux éléments atomiques, plus lourd, donc plus Yin. Grâce à ces éléments plus lourds, les forces de gravitation Yang augmentent au cœur de l’étoile et créent ainsi les conditions favorables pour une nouvelle fusion de ces éléments plus denses.
La coopération du Yin (les éléments atomiques) et du Yang (l’énergie de pression issue de la force de gravitation) produit ainsi une force Yin plus importante (des éléments atomiques plus lourds).
Cette analogie n’est pas parfaite dans tous les détails du processus, mais elle permet d’illustrer la notion que la coopération des forces Yang et Yin crée deux nouvelles polarités positive et négative, renforcées.

Dans le cas de l’homme, la nouvelle polarité Yang-positive n’est pas créée lors du processus de fusion puisqu’elle préexistait. Mais le Yin-négatif renforcé, issu de la fusion des polarités, devient apte à attirer dans sa sphère d’influence une polarité Yang plus puissante. C’est ainsi que le feu organique attire dans sa sphère d’influence le feu solaire plus élevé avec lequel il peut interagir. Et plus tard, le feu organique fusionné au feu solaire peut susciter l’attention du dernier feu, le feu électrique de l’esprit.

Ces deux feux se mêleront l’un à l’autre et formeront une unité finale qui fera sortir définitivement l’être humain du quatrième règne de la nature.
C’est à cette fusion que les écrits mystiques et occultes des traditions orientales font allusion lorsqu’ils parlent de « l’élévation de la Kundalini ».
Bien que beaucoup d’encre ait coulé à propos de cet ultime accomplissement, il reste un événement rare dont celui qui en est l’acteur ne fait pas publicité.

[Sch.8] - Schéma de l’Union des Feux au cours de l’Evolution

Commentaire :

  • Etape 1
    Lors de cette première étape, l’évolution se poursuit à travers les trois premiers règnes de la nature sur des milliards d’années. Le progrès de la vie à ce stade vise l’édification d’un corps apte à produire une activité vitale souple et autonome. C’est ce que manifeste un homme en bonne santé. Cet état de bonne santé soutenu par les instincts de conservation du corps et une mécanique biologique complexe est le produit de l’union de Kundalini à son premier stade, et du Feu du Prana. De façon générale Kundalini donne de la résistance et de l’endurance au corps, tandis que Prana lui apporte de la vitalité et de la force.
  • Etape 2
    Puis au second stade, l’homme qui a découvert une activité psychique à l’intérieur de lui-même s’emploie à en faire progressivement un facteur énergétique si puissant qu’il domine l’activité automatique de son corps par la force de sa conscience. L’homme n’est plus soumis à ses instincts mais les emploie pour le profit des desseins intelligents que poursuit sa conscience. Des centaines d’incarnations sont nécessaires pour que l’homme passe du stade où il est totalement dominé par les instincts de son corps jusqu’au degré où il lui commande à volonté et peut l’employer avec habileté pour réaliser les buts supérieurs que lui fait apercevoir sa conscience. 95 % des hommes incarnés sur Terre progressent à ce second stade aujourd’hui.
  • Etape 3
    L’homme, à ce troisième stade, a dominé si parfaitement sa nature corporelle qu’il n’est plus soumis à l’alternance de la veille et du sommeil, et la mort n’engourdit plus sa mémoire du passé. Sa conscience est ouverte aux réalités des plans astral et mental avec le même degré d’acuité que l’homme ordinaire sur le plan physique ; il voit, entend et agit sur les trois plans, c’est la continuité de conscience. Maintenant, le progrès s’accomplit rapidement et quelques incarnations seulement suffisent pour franchir ce stade. Les forces mises en jeu sont infiniment plus puissantes qu’avant.
  • Etape 4
    L’homme désormais initié s’emploie à effectuer la dernière fusion : celle ou sa nature humaine se mêle au Feu électrique de l’Esprit (ou Monade).
    C’est le stade où l’Homme devient un « Maître de Sagesse » selon l’expression consacrée de la Théosophie.
    L’évolution n’a pas de fin et des initiations ultérieures interviendront, mais l’être qui s’y emploiera ne sera plus considéré comme un être humain. Cet être appartiendra définitivement au 5ᵉ règne de la nature et il lui sera désormais difficile d’apparaître dans un corps physique tel celui qu’utilisent les êtres humains ordinaires.

Beaucoup de prétendue élévation de Kundalini, dont parle avec abondance la littérature ésotérique, correspondent seulement à un accroissement du feu organique qu’un individu parvient à opérer par des techniques yogiques ou des exercices psychiques dangereux pour l’équilibre mental. Par cet accroissement du feu organique la personne imprudente pourra vivre des expériences semblables à ce que permet la consommation de certains produits stupéfiants. Ces expériences ne suivent jamais la direction du développement humain, et retardent, parfois de beaucoup, l’évolution spirituelle d’un individu en causant des dégâts dans la substance de ses trois corps.
La Kundalini ne fusionne pas avec le feu de l’esprit par des exercices, ni par la prise d’aucune substance.
Cette fusion intervient lorsqu’un individu, devenu conscient du dessein que la Vie poursuit dans l’univers, a abandonné pour toujours son intérêt personnel, même de nature spirituel, pour se dédier au bien de tous les êtres.

IV. Le Feu électrique de l’Esprit

La fusion de la Kundalini avec le feu de l’esprit est donc l’accomplissement finale de l’initiation. Selon les références de la théosophie cette fusion concerne les quatrième et cinquième initiations qui font de l’homme un « Maître de Sagesse ».
Le feu de l’esprit n’est pas une force ultime que découvrirait le pèlerin sur le sentier du progrès spirituel. Ce feu est en réalité l’énergie initiale qui est la source de l’ensemble du processus par lequel un être est venu à l’existence et a cheminé sur la voie de l’évolution. Ce feu est immuable et éternel.
Au terme de l’évolution, l’homme qui aura parcouru une longue route loin de ses origines retrouve cette énergie primordiale, cause de son existence.
On peut alors se demander à quoi a servi ce long périple qui aura éloigné l’être de sa source originelle pour la retrouver inchangée des éons plus tard.
Comme nous allons le voir, le feu de l’esprit n’est qu’une polarité d’un ensemble de quatre forces qui constituent la totalité du monde visible et invisible. Le but de l’évolution est de permettre à ces polarités de se connaître mutuellement et de s’unir au point où elles ne forment plus qu’une réalité unique. C’est pour unir ces quatre forces que l’être chemine si longtemps sur la voie de l’évolution.

1. Le Chaos originel

À l’origine du monde n’existe qu’une force de potentialité infinie.
Cette force n’est ni active ni passive, elle ne possède pas de structure ni d’organisation, en elle ne se trouvent pas de parties différenciées. Cette force primordiale demeure en dehors de l’espace et du temps, elle est éternelle et inconditionnelle (sans cause). La mythologie grecque s’y réfère lorsqu’elle parle du CHAOS primordial (ou Kháos).

2. Le Cosmos, l’Absolu, le Tao

C’est à partir de ce Chaos que l’univers organisé est né. Pour amener des réalités structurées à l’existence, Chaos s’est divisé en deux parties complémentaires. Ces deux parties expriment l’une l’immuabilité du Chaos et l’autre sa force de potentialité infinie.
L’immuabilité est le Yin ou force d’inertie, passive et réceptive. Et la potentialité infinie est le Yang, dynamique, actif et générateur.
Yin et Yang forment l’architecture première de l’univers et de tous les êtres. La mythologie grecque nomme cette première structure à l’arrière-plan de l’univers : COSMOS.
En philosophie ésotérique ce Cosmos est l’Absolu ; pour les Chinois c’est le Tao représenté par le symbole du Yin et du Yang (ce symbole est appelé Taiji-tu).
La qualité représentée par Cosmos, bien que constitué de deux parties primordiales, n’est pas la dualité mais l’Unité. Le Yin et le Yang n’existent, en effet, que pour produire l’Unité parfaite qui démontrera leur complète complémentarité. La ligne sinueuse qui sépare et réuni à la fois le Yin et le Yang dans le symbole du Taiji-tu représente la souplesse de cette unité. Les deux polarités Yin et Yang se combattent, s’apprivoisent et se complètent tout à la fois. En leur point de contact, elles ne forment qu’une seule réalité.

3. Le quaternaire de la Création

Mais ces deux polarités étant issues d’un processus de division reflètent en chacune d’elles le pôle avec lequel elles forment l’unité. Le Yin comporte donc en lui une part de Yang et le Yang une part de Yin.
Pour illustrer cela de la façon la plus simple possible, nous pouvons nous représenter un objet que nous couperions en deux. Supposons que la partie gauche de l’objet soit identifiée au Yin et la partie droite au Yang. Une fois découpée la partie gauche comportera son propre côté gauche et son propre côté droit qui seront donc un nouveau yin et un nouveau yang au sein du Yin. Il en sera également ainsi pour la partie droite (Yang) de l’objet découpé qui sera doté, lui aussi, de ses deux parties, gauche (yin) et droite (yang).

- Qu’expriment alors pour les êtres conscients ces quatre premières parts de l’univers ?
- Ont-elles un lien avec les quatre éléments de la tradition (Terre, Eau, Air Feu) ?

Lorsque nous parlons de l’univers ou Cosmos, le Yin et le Yang originels se réfèrent à deux grands principes universels.
Le Yin de nature passive-réceptive est la structure, le bâti de l’univers. C’est le Plan de l’univers.
Le Yang de nature active est la force motrice de l’univers, c’est la cause de son évolution.
Par le Yin l’univers est structuré, il comporte des lois universelles qui s’appliquent à toute réalité. Et par le Yang l’univers n’est pas qu’une structure rigide et conditionnée, il est animé.
Mais comme nous l’avons dit, le Yin passif et le Yang actif comportent chacun deux extrémités, yin et yang. Ces deux nouvelles polarités, au sein de chacune des deux premières parties de l’univers, forment à nouveau des réalités parfaitement complémentaires. On peut ainsi caractériser ces quatre parts primordiales du Cosmos de la façon suivante :

C’est quatre forces constituent l’essence de notre univers. C’est à elles que la tradition occidentale se réfère lorsqu’elle parle de quatre éléments :

Nous allons détailler leur propriété afin de comprendre le rapport intime que ces quatre forces entretiennent avec la nature de l’homme. C’est leur harmonisation puis leur fusion parfaite qui confère l’initiation.

a. L’Universel et le Particulier

Pour résumer, le Yin du Cosmos comporte une part yang qui est l’Universalité, c’est-à-dire la Loi qui donne une structure d’ensemble à l’univers. Et le Yin comporte aussi une part encore plus yin, c’est le Particulier. Le Particulier est la propriété qu’a l’univers de comporter des parties. Ces parties se différencient à leur tour et forment l’aspect infini de la création. Cette part yin du Yin est connue par les sciences physiques comme : la Matière.
L’unité qui caractérise l’Universel s’impose au Particulier et crée ainsi l’aspect fractal de la création : chaque partie est emboîtée avec d’autres dans de plus grandes structures, qui elles aussi font partie d’une structure plus étendue. Mais chaque niveau d’organisation répond aux mêmes Lois universelles que les autres et que l’ensemble. C’est cette structuration fractale que la part Yin de l’univers a en charge.

b. La Vie et la Conscience

Considérons maintenant la part Yang active du Cosmos.
Le Yang ainsi que cela a été dit est la force motrice de l’univers, il est la cause de son engendrement et de son animation. Mais ainsi que la part Yin du Cosmos, le Yang comporte deux pôles, un Pôle Yang-yang et un pôle Yang-yin.

Ces quatre forces, Universalité, Particulier, Vie et Conscience sont les puissances auxquelles l’être humain sur le chemin de l’initiation a affaire.
Lorsqu’il est parvenu à fusionner la Vie et la Conscience, l’homme est illuminé.
Lorsqu’il a unifié l’Universel et le Particulier, il est libre.
Lorsqu’en lui la matière (Particulier - Kundalini) et l’Esprit (Vie - feu électrique) se sont rejoint, il est devenu créateur.
Et lorsque l’Universel et sa Conscience ont fusionné, il réside hors des bornes de l’espace et du temps, bien qu’avec un corps il puisse être présent au sein de ces limites. (*)

L’homme se tient alors tout entier au point minuscule où la Création touche l’Absolu ; là où bat le rythme de l’univers.

C’est là tout le dessein que la Vie poursuit à travers chaque être Humain.

* La fusion de la Conscience et du particulier (Matière) est une fausse voie d’initiation, c’est le « sentier de la main gauche ».
La fusion de la Vie et de l’Universalité est la voie d’initiation que suivent des êtres ayant dépassé le stade humain de développement.

[Sch.9] - Schéma de la structure de l’Absolu

Commentaire :

ce que nous appelons ici l’Absolu est l’ultime perception que peut atteindre la conscience humaine. Pour l’Homme, l’Absolu est ce quaternaire primordial. Pourtant cette structure n’est que la troisième phase de la création. La première est le Chaos originel et la seconde est la dualité infinie et parfaite du Yin et du Yang. Ces deux premières étapes expriment toutefois leur pleine potentialité créatrice dans la complémentarité des quatre éléments constituant la troisième phase de la Création.
La nature humaine ne peut pénétrer l’essence de l’univers au-delà de ce quaternaire.
L’identification avec le Chaos est pourtant possible pour des entités bien plus développées que l’Homme ; pour de tels êtres, le Chaos primordial est l’Absolu.

Quatrième Partie : Synthèse

Rappel :

L’objet de cet exposé est de présenter l’universalité du processus de l’Initiation, sans indiquer comment il est mis en œuvre dans les conditions spécifiques de notre Terre. En effet, sur notre planète actuellement, le procédé de l’Initiation est stimulé et encadré par des intelligences supérieures à l’homme. Grâce à cette aide de nos aînés spirituels, de nombreux individus parviennent à se qualifier et peuvent se présenter devant le portail de l’Initiation.
Les prescriptions qui enjoignent le disciple à s’affilier à un groupe de travailleurs spirituels et recevoir les instructions d’un Maître avant d’être candidat à l’Initiation sont donc, actuellement, sur notre planète, une réalité dans les faits, mais pas en principe. C’est pourquoi sur Terre comme partout dans l’univers, l’usage d’une « volonté libre » reste toujours la condition première qui permet au postulant de franchir le portail de l’Initiation.

I. Résumé

L’univers spirituel et matériel est constitué de trois parties dont chacune donne naissance à la suivante : le Chaos, l’Absolu et la Création.
Le Chaos crée l’Absolu, et l’Absolu engendre la Création.

L’origine de l’existence est un état indescriptible en lequel toute chose existe à la fois sous forme potentielle, et sous forme achevée. C’est le Chaos primordial.
Le Chaos se scinde et donne naissance aux deux forces constructrices de l’univers : le Yin et le Yang. Ces deux forces complémentaires sont toutes deux infinies et édifient une Unité suprême et organisée : le Tao ou Absolu.
Mais chacune des dualités constituant le Tao le reflètent. C’est pourquoi le Yin possède, en lui-même, une part yin et une part yang, et le Yang contient lui aussi ses deux parts yin et yang.
L’absolu ou Unité ordonnée est donc constituée de quatre forces fondamentales ayant chacune sa propre polarité :
- Yin-yang ; Yin-yin ; Yang-yang ; Yang-yin.

Ces quatre parts de l’Absolu résident en lui en une parfaite Unité.
Perçues objectivement ce sont :

L’impulsion à la création réside dans le Yang, c’est-à-dire l’Esprit ou Vie universelle.

La Vie se projette alors dans la Conscience différenciée et constitue la première réalité de l’univers après l’Absolu. Cette réalité est la Lumière. (Voir : La création des formes et de la lumière)
Puis la Conscience différenciée embrasse la Vie universelle et c’est ainsi qu’apparaissent les myriades de Formes de la manifestation. Les Formes sont alors la seconde réalité de l’univers manifesté.

Mais la Lumière et les Formes issues d’une force double (yin et yang) sont elles-mêmes doubles :

Ces quatre polarités de l’univers manifesté sont les quatre éléments de l’ésotérisme occidental :

  • le Feu
  • (l’éclat de la Lumière - Yang-yang)
  • L’Air
  • (la diffusion de la Lumière - Yang-yin)
  • La Terre
  • (le Son de la Forme - Yin-Yang)
  • L’Eau
  • (la substance de la Forme - Yin-yin)
C’est à ce stade de la création que l’homme que nous connaissons sur la Terre apparaît.
Les quatre éléments se rapportent finalement à la nature matérielle et spirituelle de son être.
On voit également que ces quatre éléments sont le reflet dans la Création des quatre forces constituant l’Absolu :

Le Feu est le reflet de l’Esprit, la Vie
L’Air est le reflet de la Conscience
La Terre est le reflet de l’Universalité
et L’Eau est le reflet du Particulier (Matière)

C’est pourquoi en œuvrant au sein de ces quatre éléments de la Création, l’homme agit, en réalité, au sein des quatre forces de l’Absolu.

L’Eau est la substance ou matière dont l’homme est constitué : c’est sa Kundalini avant la fusion avec le Prana.
La Terre est le Prana, c’est la force qui donne de l’énergie à sa constitution, et lui permet d’être reconnaissable par une vibration propre : le magnétisme animal du corps.
L’Air est la conscience de l’homme, c’est son feu solaire qui se diffuse et lui permet de comprendre toute chose par inclusivité.
Le Feu, enfin, est la part individuelle d’esprit et de vie dans l’homme. Ce n’est pas l’Esprit de l’Absolu mais une particule de cet Esprit universel que la théosophie nomme Monade. Mais lorsque l’homme rejoint cette monade, il peut connaître l’essence de l’Absolu dont il est une émanation.

L’évolution de l’homme consiste dans un premier temps à unifier l’Eau (la matière) avec la Terre (la vibration) afin de constituer un feu organique parfait.
Cette tâche est définitivement accomplie pour tous les hommes à notre époque.
Puis l’Eau et la Terre unifiés doivent se fondre avec l’Air (l’aspect diffusion de la lumière), le feu solaire exprimant la conscience de l’homme. Cette entreprise d’unification prend à l’homme des centaines d’incarnations. Ceux qui sont parvenus aujourd’hui à cette fusion avec l’élément Air sont appelés : initiés ; ils possèdent la continuité de conscience.
Ces trois éléments unifiés se mêlent alors avec le dernier élément, le Feu (l’éclat de la lumière), symbole de l’esprit de l’homme. C’est alors que l’homme atteint le but pour lequel il avait été créé : exprimer l’absolu dans la création (les quatre éléments).

Nous constatons en observant ces fusions successives des éléments, que le dernier stade d’évolution de l’existence humaine est de réaliser la fusion de l’Air et du Feu ; l’Air, symbole de la Conscience et le Feu, symbole de la Vie. La fusion des éléments Terre et Eau ne représente qu’une étape préliminaire en vue de cette fusion finale.
Le cheminement de l’évolution, même lorsqu’il traverse les stades du développement organique, comme chez les végétaux et les animaux, a en vue cette fusion ultime qui ne pourra intervenir qu’à l’issue de la traversée du règne humain. C’est pourquoi on peut considérer tout le développement entrepris dans les règnes successifs comme des étapes préliminaires de la fusion de la Conscience et la Vie. C’est cela qui a été décrit dans les deux premières parties de cet article.

Entre le moment où la Création naît de l’Absolu et l’unification finale des quatre éléments par l’être humain, des milliards d’années se sont écoulées et tous les règnes de la nature ont été traversés. Mais à chaque fois que des êtres parviennent à cette réintégration au sein des forces de l’Absolu, celui-ci est enrichi. L’Absolu, ainsi, croît et s’étend perpétuellement, élevant la Vie à de nouvelles potentialités, et raffinant toujours plus le champ de la Conscience.

Lorsque nous contemplons les divers règnes de la nature (minéral, végétal et animal) nous apercevons, en fait, des êtres innombrables en train de parcourir à la suite de l’homme, le chemin qui mènera à la fusion avec l’Absolu. Mais ce sont aussi les vies d’êtres qui peuplent les galaxies de tout l’univers, et dont nous supposons seulement l’existence, qui avancent tout comme l’homme de notre système solaire dans cette direction.
Cette voie grandiose amènera à son terme une Gloire dans la création, que nul ne peut concevoir, mais dont chaque être vivant est un artisan.

II. Conclusion

Il n’y a pas de chemin balisé pour atteindre l’Initiation. Les pas de ceux qui ont parcouru cette voie avant nous ont été effacés par la Vie qui renouvelle toute chose. L’Univers croît seconde après seconde.

Chaque homme qui avance vers cet accomplissement est nécessairement un pionnier : il lui faut marcher vers son but, sans Maître, ni règles bien éprouvées ; comment pourrait-il en être autrement puisque l’Initiation est pure création ?
En surmontant le découragement et l’excès de confiance, le cœur guéri de l’apitoiement à soi-même, et pourtant attentif à tous les êtres qui souffrent et se réjouissent, les pas de l’homme le conduiront avec simplicité jusque dans l’Universalité.

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