vivre et servir

Sciences de l’âme

Journal spirituel

Manvantara

Sur la surface noire et étincelante,
Le Jour tirait sa révérence,
Mais déchirant l’horizon, le Silence et le Son prenaient naissance.

Appelle un Témoin :

Vois !
L’Etre Unique s’élance... Trop loin, hors du Temps.
Mais déjà, dans son sillage, Cent Mille Milliards, irrésistibles, peuplent l’Abîme.
Hurlement innocent, un Univers apparaît

L’Eternité soupire,
Sur son visage limpide
L’instant perle et scintille

Le Grand Tout pris à Témoin hésite :
L’Espace se détend, et
De l’immensité émerge le Petit.

L’Etre multiple trébuche,
De soleil en particule, il repousse le Néant.
Il s’assemble :

Un Cœur pour la Force
D’abord,
Puis une oreille pour l’épreuve...

L'Heure est maintenant :

Parle !
« Moi Témoin, moi Souverain pour un matin,
J’ordonne :
Reste infime le Petit,
Reste infime, mais trouve l’échelle,
Trouve l’échelle qui gravit le Vent
Dans le Vent l’ascension n’aura pas de fin.
Trouve la chaleur, trouve-la sous l’écorce de glace.
Et ici, prend la Lumière, garde-la dans le globe de verre.
Chevauche l’indomptable hasard et rend le docile à tes regards.
Encore loin de moi, prend courage et détruit ton soleil
Mais regarde son éclat parcourir l’Infini
Encore le petit... renouvelle tout effort,
Tu gîs dans un repli, mais c’est
Mon sang qui bout dans tes veines,
C’est pourquoi je multiplie ta peine
Va, trouve le Géant de pierre et combat-le d’indulgence
Puis, la surprise blottie dans la Paix, cherche et trouve-la !
Enfin seulement, le Feu de la Patience et l’Eau de l’Urgence. 

Là, écoute, Là attend... »

Soudain, au milieu du Temps et partout sur les Cimes ;
Le frisson et la brûlure, jumeaux et ennemis :

Prie !
« Moi Témoin, moi Souverain pour un matin,
Je supplie :

Hâte-toi le Petit, car l’Etre Unique doit reparaître
Le Temps déjà n’a plus de demain
L’Eau même ressent la soif

Hâte-toi l’Océan et l’Etoile
Hâte-toi le Vent, Hâte-toi le Ciel Solennel
L’Atome le sait, il est l’axe galactique

Hâte-toi le Petit, car Tu es devenu Cela que Je Suis ! »

Main à main, et pied à pied,
Têtes inclinées,
Le Témoin et le Petit, agenouillés...
Perlent au visage limpide de l’Eternité.
Sur la surface noire et étincelante
La fin tirait sa révérence
Mais déchirant l’Horizon, un tonnerre de Silence rompit le Son
Cent Mille Milliards, fixes et frémissants, embrassèrent
L’Unique.

Zoé